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sentiellement physique, n’est pas également grand chez toutes les races humaines. Les races à barbe, par exemple, offrent une dissemblance plus considérable entre les deux sexes que les races dépourvues de barbe. Les hommes et les femmes des tribus de l’Amérique méridionale se ressemblent plus au point de vue de la forme générale, etc., qu’il n’est ordinaire partout ailleurs. Une première question se présente donc : La nature mentale des sexes diffère-t-elle à un degré constant ou à un degré variable ? Il est peu probable que la différence soit constante ; aussi, au point de vue de la variation, pouvons-nous nous demander quelle est la somme de cette variation et dans quelles conditions elle se produit.

Différence dans le volume et dans la complexité. — La comparaison entre les sexes comporte, bien entendu, des subdivisions parallèles à celles que nous avons faites dans la comparaison entre les races. Il faut principalement observer la masse mentale relative et la complexité mentale relative. Si l’on admet que la grande inégalité dans le travail de la reproduction de l’espèce est la cause de la différence du volume mental aussi bien que du volume physique, on peut étudier cette différence au point de vue des inégalités prolifiques des diverses races. On peut rechercher en même temps jusqu’à quel point les habitudes relatives des deux sexes sous le rapport de l’alimentation et du travail physique affectent chez eux le développement mental. Chez beaucoup de races sauvages les femmes traitées avec une excessive brutalité sont physiquement très-inférieures aux hommes, ce que l’on peut attribuer à l’excès de travail et au manque d’une nourriture suffisante. Ces mêmes causes produisent-elles simultanément un arrêt dans le développement mental ?

Variation des différences. — Si la dissemblance physique et mentale des sexes n’est pas constante, il faut alors admettre, dans l’hypothèse que toutes les races descendent d’une seule souche mère, que les différences accumulées ont dû se transmettre au même sexe dans le cours des générations. Si, par exemple, l’homme préhistorique n’avait pas de barbe, la production, d’une variété pourvue de barbe implique que, dans cette variété, les mâles ont continué à transmettre à leurs descendants du même sexe une quantité toujours plus considérable de barbe. Cette limitation de l’hérédité au même sexe, dont le règne animal nous offre de nombreux exemples, s’applique probablement tout autant à la conformation cérébrale qu’aux autres conformations. De là la question : La nature mentale des sexes ne diffère-t-elle pas sous divers rapports et à divers degrés chez les différentes races humaines ?

Causes des différences. — Peut-on établir un rapport quelconque