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tion exécutée à Delhi au xviie siècle par les ordres d’un frère d’Aureng-Zeb, dont il donna à son tour, en 1801, une traduction latine, sous le titre d’Oupnekhat, sive secretum tegendum. Pour plusieurs raisons qui tenaient surtout au peu de ressources scientifiques dont disposait Anquetil, ce travail était peu intelligible et peu exact eu égard aux originaux sanscrits. Heureusement, d’autres publications savantes ne tardèrent pas à venir le suppléer, ou du moins à en faciliter l’usage.

Nous citerons principalement l’Essai sur les Védas de Colebrooke (1805) ; les traductions anglaises de diverses Upanishads par Ram-Mohum-Roy, vers 1819 ; les résumés des systèmes philosophiques de l’Inde, aussi par Colebrooke (1823-1827) ; divers fragments des Upanishads traduits dans l’ouvrage de Windischmann le père. Die Philosophie im Fortgang der Weltgeschichte (1832) ; Sancara, sive de Theologumenis Vedanticorum, par Windischmann le fils (1833) ; divers travaux de traduction et d’exégèse sur les Upanishads publiés dans différents recueils périodiques de 1830 à 1840 par MM. le baron d’Eckstein, Poley et Pauthier ; une édition du texte sanscrit avec la traduction allemande des Brihad-Aranyaka, Kâtha, Iça, Kena et Mundaka Upanishads par Poley (1844) ; les Academische Vorlesungen über indische Litteraturgeschichte par M. Weber, 1852 (ouvrage traduit en français par M. Sadous (1859), sous le titre d’Histoire de la Littérature indienne ; l’Analyse der in Anquetil du Perron’s Uebersetzung enthaltenen Upanishad, dans les volumes I, II et IX des Indische Studien du même savant ; enfin, un travail de l’auteur de cet article en cours de publication dans la Bibliothèque de l’école des Hautes-Études, intitulé Exposé chronologique et systématique d’après les textes de la doctrine des principales Upanishads.

À côté de ces nombreux travaux des savants européens, la publication des textes des Upanishads accompagnés de commentaires indigènes et anciens, pour la plupart, a été poursuivie avec une louable ardeur dans l’Inde même, et la collection de la Bibliotheca indica comprend à l’heure qu’il est une bonne partie de celles que renferme l’Oupnekhat ainsi que la traduction anglaise par M. Röer et par le pandit Râjendralala Mitra des onze Upanishads anciennes citées plus haut et de quelques autres.

Comme on le voit, les principales Upanishads sont désormais à la portée des savants et le secret qu’elles avaient à garder, selon la signification un peu arbitraire attachée à leur titre par Anquetil-Duperron, est pour ainsi dire tombé dans le domaine public à la suite de tant d’autres que l’Orient avait la vaine prétention de soustraire aux recherches de la science moderne.