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j’ai expliqué les conditions générales et la genèse de la sensation et de la conscience. Partout j’ai fortement insisté sur ce point : que toute obéissance subjective a une impulsion, toute perception d’une excitation ou toute sensation d’une impression doit être eo ipso consciente ; car si elle ne se produit pas à l’état conscient, elle ne se produit pas du tout. De même, j’ai établi une distinction extérieurement reconnaissable entre des faits souvent cités et ceux de l’inconscient, et j’ai averti expressément de ne pas confondre la représentation inconsciente avec la sensation confuse, même pour le cas où cette dernière reçoit, en tant que perception de centres nerveux inférieurs, un caractère relativement inconscient, c’est-à-dire inconscient pour le centre principal de la conscience dans l’organisme.

Il est évident que dans la réalité la perception confuse et la représentation inconsciente se confondent partout, mais en théorie il faut qu’elles soient rigoureusement séparées. Car la sensation a ses degrés inférieurs où la perception vague, obscure, incomplète rentre dans le concept de la conscience et, par conséquent, est opposée à la partie représentative (ou idée) de l’inconscient. Si cependant Frauenstaedt confond la conscience généralisée et l’idée inconsciente dans sa transformation de la téléologie de Schopenhauer, il agit ainsi contrairement à ma manière de voir. Mais il m’est absolument impossible de comprendre comment il lui vient à l’esprit de m’attribuer sa confusion erronée. En effet, il prétend que mon système est, non pas une amélioration, mais une détérioration de celui de Schopenhauer. Sa raison principale est qu’au lieu de subordonner comme Schopenhauer la représentation à la volonté, j’établis entre elles une coordination et des droits égaux ; mais par représentation il entend ici expressément la généralisation de la conscience. Or, j’ai toujours admis et défendu la doctrine de Schopenhauer sur le primat de la volonté dans la conscience, c’est-à-dire j’ai toujours soutenu que la représentation consciente était subordonnée à la volonté et d’une nature secondaire et dérivée. Cette subordination existe même pour le degré le plus élevé de l’intelligence humaine, à plus forte raison pour la sensibilité obtuse des degrés inférieurs de la nature. J’ai seulement maintenu une coordination de l’intelligence avec la volonté pour la véritable représentation inconsciente, jamais pour la conscience généralisée. Le deuxième défaut de mon système comparé à celui de Schopenhauer (naturellement sous la forme nouvelle qu’il lui a donnée), Frauenstaedt le trouve en ce que j’admets à côté de cette perception vague (qu’il reconnaît comme moi), une représentation absolument inconsciente ; mais on verra, en premier lieu, que dans son essai de transformation il admet également cette représen-