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horwicz. — développement de la volonté.

blablement, sous ce rapport les dispositions qui, selon la doctrine de Darwin, sont transmises par héritage d’une génération à l’autre, et dont l’empreinte devient toujours plus forte et plus caractéristique, jouent un rôle important. Mais dans les temps modernes l’observation expérimentale plus exacte est arrivée à restreindre de plus en plus le concept de l’instinct eu prouvant que bien des facultés regardées autrefois comme innées, par exemple, le chant d’une mélodie déterminée par une espèce déterminée d’oiseaux, sont le fruit de l’étude et de l’imitation.

Si nous y regardons de près, nous pouvons distinguer trois phases secondaires dans l’appétit. La première, c’est le mouvement réflexe dont nous avons parlé plus haut. Par lui une excitation physique, qui nous fait éprouver une légère sensation dont nous avons peu ou point conscience, est transmise aux systèmes moteurs. Tels sont, par exemple, les mouvements du cœur et des organes de la digestion qui ont lieu dans notre intérieur sans que nous les ressentions dans les circonstances ordinaires. La deuxième phase est l’appétit brutal, c’est-à-dire une sensation plus ou moins forte de plaisir ou de douleur qui, sans connaître les moyens de se satisfaire, cherche à se faire jour par toute sorte de mouvements. Cette phase se montre avec ses caractères les plus généraux chez l’enfant nouveau-né, qui manifeste sa faim ou sa douleur en criant et en se démenant. Elle apparaît encore dans la suite de la vie, quand de fortes sensations, par exemple une frayeur violente, etc., se produisent subitement. La troisième phase, celle de l’appétit expérimenté, forme déjà la transition au désir. L’enfant a trouvé le sein maternel, il s’y nourrit avec avidité et avec plaisir. Plus cet acte se répète, plus la succion a été reconnue comme un moyen de satisfaction, plus l’enfant affamé étend avec empressement ses bras vers la mère et plus aussi les gestes, qui expriment son désir, indiquent de mémoire et de conscience. On pourrait être tenté de joindre cette phase de l’appétit expérimenté, qui diffère essentiellement de la précédente par le développement de la conscience et du souvenir, à la deuxième phase principale du souhait ou du désir dont elle est un degré de transition. Mais, comme nous le verrons plus loin, elle en est complètement différente.

Les appétits ont encore ce caractère essentiel qu’ils apparaissent simultanément en grand nombre. Chaque membre, chaque organe, chaque tissu est, pour ainsi dire, constamment le siège d’une sensation, quelque peu que nous en ayons conscience ; or on pourrait en dire autant des appétits ; car la sensation physique est le degré préliminaire de l’appétit et y conduit nécessairement. Sans doute nous