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un certain temps. Or, il faut remarquer qu’un état de cette espèce se produit non-seulement dans le cas où le jugement reste indécis, mais même dans les cas où l’impression étant nettement perçue, se trouve au-dessus du minimum perceptible.

Les deux éléments (aperception, volition) que nous avons compris sous la dénomination commune de durée de la réaction, dans quel rapport sont-ils quant à leur durée ? Dans quelques cas la conscience perçoit ces deux actes comme successifs, mais presque toujours ils lui sont donnés simultanément dans un seul et même moment indivisible. Toutefois, on ne peut nier que les conditions dans lesquelles l’expérience se produit, rendent très-probable cette conclusion : que la durée de la volition est extrêmement petite, en sorte que la durée de la réaction doit être portée en grande partie au compte de l’aperception. Les conditions de l’expérience sont telles en effet que l’enregistrement se fait avec une sûreté mécanique et que toute l’attention convergeant vers cet acte, l’impulsion volontaire est presque instantanée. Un fait en faveur de cette impulsion instantanée, c’est qu’il arrive parfois, quand une impression est vivement attendue, qu’on enregistre une impression toute autre (un éclair au lieu d’un son) ; et l’on sait très-bien, au moment même où l’on produit le mouvement, qu’une erreur est commise.


II. On peut simplifier les expériences précédentes, en plaçant le sujet dans des conditions telles que son effort d’attention est allégé. Pour cela, il suffit de déterminer d’une manière complète l’impression qu’il doit éprouver, en éliminant toute cause d’indécision. On lui fait connaître d’avance la nature de la sensation (son, lumière, etc.) ; de plus on annonce l’apparition par un signal antérieur. Ainsi une impression lumineuse ou auditive sera précédée par le battement d’un pendule qui indique au sujet le moment précis où il doit se mettre en garde.

On constate alors que le temps physiologique est considérablement diminué. En employant la boule, dont on a parlé plus haut, qui, par suite d’une disposition assez simple, peut tantôt produire un son avant sa chute (en heurtant un anneau), tantôt n’en produire aucun, Wundt a constaté les différences suivantes :

Chute de 0m 25 de haut sans signal 0,253
avec signal 0,076

13
17
14
17

Nombre des expériences
Chute de 0m 06 de haut sans signal 0,276
avec signal 8,175

L’expérience montre que lorsque l’intervalle constant entre le signal et l’impression augmente, le temps physiologique diminue. De