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Ainsi, dans l’hémiplégie de cause cérébrale, suivant la gravité des cas, la paralysie est bornée à un bras, ou bien s’étend à la face, à la jambe et même à tout le corps, au moment de l’attaque par exemple, ne laissant intacts que les mouvements respiratoires et circulatoires.

En ce qui concerne le langage, le principe se vérifie facilement, surtout dans les cas d’aphasie incomplète, où le malade dit encore oui et non, jure ses serments habituels, bref, a conservé les mots qui, chez lui, sont devenus automatiques, tandis qu’il est incapable de prononcer les autres.

D’après M. Jackson, le principe de dissolution pourrait servir à l’étude des maladies mentales, où il se trouve vérifié chez ces malades qui, après quelques attaques épileptiques ou épileptiformes, deviennent bizarres, ombrageux, dont les actes sont étranges et violents, et qui sont réduits à une condition mentale plus automatique.

Dans la chorée, dans les convulsions épileptiques partielles, c’est par la main, le bras, la face ou le pied, que commence l’attaque, mais surtout par la main ou la face, c’est-à-dire par les parties qui sont l’instrument propre de la volonté. Quand l’attaque s’étend de son siége primitif aux parties voisines, le principe trouve encore sa justification.

D’après M. H. Jackson, les mouvements des deux côtés du corps seraient localisés dans chaque hémisphère, mais d’une manière différente, l’hémisphère gauche correspondant surtout aux mouvements volontaires et l’hémisphère droit aux mouvements automatiques. Ils seraient, de plus, représentés dans le cervelet que M. Jackson considère, avec la majorité des physiologistes, comme un centre de coordination.

Ce sont là des conclusions que M. H. Jackson donne à titre d’hypothèse, il est vrai, mais d’hypothèse vérifiable, et ayant pour elle beaucoup de probabilités.

En résumé, l’auteur a voulu établir les points suivants :

1° Le cerveau (les circonvolutions aussi bien que les ganglions cérébraux) est un organe qui perçoit des sensations et produit des mouvements.

2° La pensée implique aussi bien des processus moteurs que des processus sensibles.

3° Les idées et les mouvements subissent une évolution telle, que leur développement va des plus automatiques aux plus volontaires, tandis que dans les cas pathologiques, la maladie suit un ordre inverse.

4° Les mouvements sont localisés surtout dans les parties antérieures et la sensibilité dans les parties postérieures du cerveau.

Th. Ribot.