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commune. Nous le voyons aussi, quoiqu’à regret, rabattre beaucoup de ses prétentions, restreindre le champ et la portée de la dialectique, reconnaître ce qu’elle a de subtil et d’aventuré, mais sans pouvoir se délivrer de son joug qu’il continue d’imposer même à l’histoire de cette science. — De son côté, le réalisme, dans les maîtres comme dans les disciples, tout en proclamant l’observation et l’expérience les seuls guides sûrs en philosophie comme dans les sciences, ne laisse pas de recourir à la raison, d’ajouter l’élément métaphysique à l’élément empirique dans la formation des systèmes. C’est ce qu’on a vu d’abord chez Herbart et Schopenhauer, plus encore chez leurs successeurs.

Les plus indépendants, comme Lotze, Zeising, en conviennent ; ils reconnaissent, pour la science dont il s’agit, les mérites supérieurs de l’idéalisme, et la supériorité de ses œuvres auxquels le réalisme est forcé de recourir et dont il doit se servir. Le positivisme qui prétend se suffire est réduit à déguiser sa stérilité sous les emprunts mal ajustés qu’il fait aux autres écoles. Ce qui est encore à signaler, c’est le point sur lequel celles-ci s’accordent en introduisant chacune, à leur façon, un élément nouveau dans la science, en interrogeant et mettant à contribution son histoire. Toutes deux se croient obligées de la consulter. Elles la considèrent non comme la base unique mais comme une des bases essentielles de cette science, comme la condition de son avancement et de ses progrès ultérieurs. Et c’est là un fait important à constater.

Ainsi, de cette triple base, à la fois réaliste, idéaliste et historique, doit sortir non une science nouvelle mais une science plus complète, plus capable de donner aux problèmes qu’elle agite des solutions satisfaisantes. Elle doit s’y retremper, s’y rajeunir, y reprendre des forces, rassembler des matériaux pour élever un nouvel édifice. L’histoire de la science réclame ainsi sa place dans la science elle-même. Et, en effet, quoique cette science soit moins ancienne que les autres, et de date relativement récente, qui pourrait croire que tant de travaux entrepris, et continués avec ardeur sans interruption par des penseurs de premier ordre, et par tant d’autres si distingués, soient restés sans résultat, que la science soit toute à refaire ? Il n’y a pas, sans doute, qu’à choisir et à trier dans leurs œuvres, à recueillir et à remettre à leur place les pensées et les théories accumulées ; il faut savoir y ajouter. Il faut avoir soi-même des idées pour choisir et coordonner, pour combler les lacunes, approfondir, compléter, perfectionner les vérités acquises. Mais dans tous ces systèmes on doit reconnaître des faces diverses de la vérité. C’est un des grands mérites de l’école hégélienne de l’avoir proclamé et