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delà des limites de l’être individuel qui est en rapport avec lui dans l’expérience religieuse, le « plus grand », fait partie, en deçà de ces limites, de la vie subconsciente 1. »

Même alors cependant, même en identifiant le phénomène religieux à un phénomène de communication télépathique entre Dieu et l’âme du croyant, le problème religieux se pose toujours avec la même acuité angoissante, et sa solution reste, en dehors de la science, affaire de sentiment et de foi. Toute intuition est, par essence, incommunicable, ineffable. Là où la vérification objective manque, il est à jamais impossible, selon la profonde remarque d’Alfred Fouillée, de distinguer le voyant du visionnaire.

Concluons donc que, quelque progrès que puissent faire dans les siècles futurs les sciences psychiques, aujourd’hui balbutiantes et trébuchantes, et quoi qu’il puisse advenir aussi des diverses formes de religions entre lesquelles se partage actuellement l’humanité, longtemps encore, toujours peut-être, restera debout dans le cœur de l’homme l’autel mystérieux élevé par les âmes croyantes au suprême idéal de justice et de sainteté, et l’énigmatique inscription qu’y lisait déjà l’apôtre aux premiers temps du christianisme ne sera vraisemblablement ni effacée, ni remplacée par aucune autre : Au Dieu inconnu, θεῷ ἀγνωστῷ .

E. Boirac.

1. L’Expérience religieuse, p. 427.