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à trois degrés. Tout ceci du reste n’a rien d’essentiel, et n’est qu’une question de méthode pour les études historiques ; la classification des sciences ne saurait être la base d’un système philosophique, et ne peut avoir qu’une importance secondaire, celle d’une introduction à la science en général.

M. Herbert Spencer a réfuté la classification d’Auguste Comte, et nous croyons que c’est en vain que M. Lessewitsch tâche de la sauver. S’il se montre fort indulgent pour le chef du positivisme, il est bien sévère pour les positivistes de la gauche, MM. Littré, Wyrouboff, de Vitry et autres ; mais il est clair que leurs principes sont plus conformes à la science, sont libres des conceptions mystiques de Comte, acceptées par les positivistes de la droite, et M. Lessewitsch polémisant avec un peu de partialité contre MM. Littré et Wyrouboff, devait en même temps modifier à sa manière les principes fondamentaux de la philosophie positive pour la rendre conforme aux exigences de la science moderne.

M. Lessewitsch relève de l’ouvrage de M. Ribot sur la psychologie anglaise contemporaine le passage suivant (p. 102) : « Entre l’esprit positif et le positivisme, nous trouvons pour notre part autant de différence qu’entre l’esprit philosophique et la philosophie, c’est-à-dire ce qui demeure et ce qui passe. » Il s’appuie sur cette opinion, pour soutenir que le système de la philosophie positive n’était guère achevé, qu’Auguste Comte en a donné l’ébauche seulement, et que c’est à l’avenir de continuer à élaborer les principes d’une philosophie vraiment scientifique. L’étude de M. Lessewitsch est un premier essai, et il nous parait qu’il a bien réussi dans sa partie négative en démontrant les inconséquences du positivisme dogmatique. Il réprouve avec raison l’abstention des positivistes doctrinaires à se vouer à l’étude de la philosophie allemande moderne, qui, sauf quelques exceptions individuelles comme Hartman et DUhring, est entrée dans la voie salutaire de la critique scientifique. Il cite avec étonnement les— paroles de M. de Vitry au sujet de la psychophysique de M. Fechner, qu’il juge de ouï-dire sans l’avoir lue. « Il ne convient pas, dit M. de Vitry, de juger d’après nos cervelles mesquines les crânes olympiques de la Germanie. » — « C’est aussi un fait étonnant, dit M. Lessewitsch, que le célèbre philosophe L. Feuerbach, qui sympathisait tant avec les Français, qui était si connu par son caractère humanitaire ainsi que par son génie critique, ne soit pas du tout mentionné dans la dernière édition du Dictionnaire philosophique, publié par les positivistes. Ce que M. Lessewitsch nous donne comme résultats de ses propres méditations est aussi en général conforme aux postulats d’un esprit critique et indépendant. Il accepte la théorie de l’entendement établie par l’école critique. Le positivisme de M. Lessewitsch est plutôt un réalisme critique. « La philosophie, dit-il, est une conception généralisée et la plus abstraite des conceptions scientifiques qui sont moins abstraites ; celles-ci forment des représentations qui sont l’objet des sciences empi-