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de vue ; il y a en même temps sensation : outre qu’elle est involontaire cette action ou mieux l’impression initiale de cette action est sentie. Si elle est sentie, peut-elle n’être pas sentie plus ou moins distinctement dans l’organe impressionné ? en d’autres termes peut-elle n’être pas localisée ? L’analogie dit « oui ». L’assertion contraire me parait sans fondement. En somme mes observations que je ne puis détailler dans cet article me conduisent à regarder comme aussi certaines que possible les conclusions suivantes : le nouveau-né a la conscience du moi à localisation cérébrale et la conscience du moi à localisation périphérique, dans les limites restreintes où il peut les avoir sans nul doute et avec cette remarque que la localisation sensitive périphérique, inégalement développée suivant les endroits du corps dans la première heure de la naissance, se développe ensuite progressivement. Par exemple je pinçai fortement à trois ou quatre reprises la peau de la face dorsale de la main et celle du cou d’un nouveau-né, il ne fit aucune grimace, aucun cri, aucun mouvement pour se retirer Huit heures après la naissance je fis le même essai et avec moins de force sur le même enfant, il cria. Cependant sur d’autres nouveau-nés, toujours dans la première demi-heure de la naissance, j’ai remarqué que, si les premiers pincements même forts ne sont l’occasion d’aucune manifestation de sensibilité, il n’en est plus de même lorsqu’on les a répétés un grand nombre de fois, j’allais dire lorsqu’on y met de l’acharnement : alors le petit être commence quelques légers mouvements et se met à crier pour se taire aussitôt qu’on cesse de le pincer.

Dr Th. Galicier.