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pas plus pour ces raisons de sentiment la peine de l’un, qu’elle n’aggravera la peine de l’autre. (Juin.)

2° Une savante étude de M. Tocco sur le concept de l’accident dans Aristote. (Juin.)

3° La continuation et la fin de l’article de M. Fiorentino sur Vincenzo di Grazia. Cet article serait excellent de tous points si l’auteur n’avait cru nécessaire d’y revenir à ses polémiques ordinaires contre quelquesuns de ses compatriotes, qu’il traite de charlatans. Le rôle de Vincenzo di Grazia est très-nettement retracé. Il fut l’un des partisans les plus notables de la philosophie expérimentale en Italie. Parti du problème de l’origine des idées, il ne pénétra pas jusqu’à la question plus profonde, posée par Spencer de nos jours, de l’origine de l’esprit. Il se borna à constater trois faits essentiels, irréductibles, dans l’esprit humain, savoir, sentir, vouloir et aboutit ainsi à une simple division des facultés. Sa philosophie, si on en juge d’après le lucide exposé de M. Fiorentino, intéresserait surtout un lecteur français par les analogies vraiment singulières qu’elle présente avec celle d’A. Comte. Ainsi le philosophe italien divise l’histoire en trois époques dont deux, l’âge de la métaphysique et l’âge de la science, figurent dans la division positiviste. « Il est urgent, disait comme Comte di Grazia, d’écarter de la science de la pensée toute spéculation métaphysique pour forcer la raison à la méthode d’observation pure. » Le nom de positive est même formellement attribué par lui à la science ainsi affranchie. Il a la même aversion que Comte pour l’esprit théologique. Il fixe comme but à la science celui de prévenir l’expérience et de fournir ainsi des matériaux précieux à tous les arts ; il dirait presque : savoir, c’est prévoir. Il rejette comme les positivistes toute idée à priori, toute idée innée : le jugement n’est qu’une observation. Toute recherche sur l’essence des choses doit être bannie, etc. Une dernière ressemblance rapproche les deux philosophes : tous les deux sont prolixes et ont laissé de volumineux ouvrages. La question se pose assez naturellement de savoir si l’un a fait quelque emprunt à l’autre. M. Fiorentino incline à croire que bien que contemporains ils ne se sont pas connus. Mais cette coïncidence entre la pensée de Vincenzo di Grazia et celle de Comte n’est qu’un des côtés intéressants de l’article. On y trouvera des renseignements curieux sur la position prise par le philosophe italien vis-à-vis des systèmes de Kant et de Hegel, et vis-à-vis des systèmes de ses compatriotes, Galuppi, Gioberti, et Rosmini, — sur un contemporain de V. di Grazia, Colecchi, en un mot sur toute l’histoire de la philosophie italienne dans la première moitié de ce siècle. Cette étude, due à la plume d’un auteur aussi exactement informé qu’impartial dans ses jugements, du moins quand ses inimitiés personnelles ne sont pas en jeu, formera un complément indispensable à la belle histoire de M. Ferri, où V. di Grazia paraît en effet occuper une trop petite place. (Juin et Août.)

4° Une sévère critique du même auteur, M. Fiorentino, sur les récentes