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REGNAUD. — ÉTUDES DE PHILOSOPHIE INDIENNE

Une autre Upanishad, la Mundaka Upanishad, II 1-10, postérieure elle-même à l’Aitareya Upanishad et qui peut avoir été rédigée vers le commencement de l’ère chrétienne, représente l’être manifesté et perceptible comme une émanation de l’être idéal, sans conclure toutefois au caractère purement illusoire de l’univers sensible.

« Ceci est le vrai. De même que des milliers d’étincelles jaillissent d’un feu bien enflammé dont elles ont la nature, de même, ô mon ami, les âmes individuelles (ou les créatures) diverses sortent de l’être immuable et y retournent.

« Le purusha, (Brahma, l’être par excellence considéré comme uni au monde matériel) est brillant, sans corps ; il réside à l’intérieur des choses extérieures ; il n’a point eu de commencement, il est sans souffle vital, sans organe de la pensée ; il est pur et supérieur à l’être immuable et supérieur (Brahma considéré comme distinct du monde matériel).

« De ce purusha naissent le souffle vital, l’organe de la pensée et tous les sens, l’éther, l’air, le feu, l’eau, la terre qui supporte l’univers.

« Le feu est sa tête, la lune et le soleil sont ses yeux, les points cardinaux sont ses oreilles, les Vedas que l’on connaît sont, sa voix, l’air est son souffle vital, l’univers est son cœur ; la terre est née de ses pieds. Il est la conscience (l’âme) qui est au dedans des êtres.

« De ce (purusha) naît le feu dont le soleil est le combustible ; du soma[1] naît le nuage (et du nuage) les plantes qui croissent sur la terre. Le mâle répand la semence dans le sein de la femme. C’est dans cet ordre que les nombreuses créatures sortent du purusha.

« De ce (purusha) sont issus les Rig-Veda, le Sâma-Veda, le Yajur-Veda, la consécration, les sacrifices, toutes les oblations et les dons rémunératoires aux prêtres, l’année (dans ses rapports avec


    çabdam çrnoti yena vâ gandhân âjighrati yena vàcam vyakaroti yena va svâdu câsvâdu ca vijânâti.

    Yad etad dhrdayam manaç caitat samjñânam àjñânam vijñânam prajñânam medhâ drshtir dhrtir matir manîshâ jûtih smrtih samkalpah kratur asuh kâmo vaça iti sarvâny evaitâni prajnânasya nàmadheyâni bhavanti.

    Esha bramaisha indra esha prajâpatir ete sarve devâ imâni ca pañca mahâbhûtâni prthivî vâyur âkâça âpo jyotirnshîty etânîmàni ca kshudramiçrânîva vîjânîtarâni cetarâni cândajâni ca jârujâni ca svedajàni codbijjâni câçvà gâvah purushâ hastino yat kim cedam prâni jangamam ca patatri ca yac ca sthâvaram sarvam tat prajnânetram prajñâne pratishthitam prajñânetro lokah prajñâ pratishthâ prajnânam brahma.

  1. Plante sacrée dont le jus exprimé sert d’offrande dans les sacrifices et de boisson aux sacrifiants. Ici c’est le type des choses humides et de la fécondité.