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« Ceux qui savent qu’il est le prâna du prâna, la vue de la vue, l’âme de l’âme, la pensée de la pensée, ceux-là ont reconnu Brahma (ou l’être) antique et primordial.

« C’est par la pensée seule qu’on peut le percevoir, car il n’est pas en lui de diversité.

« Il ne peut être perçu que d’une seule manière (par la pensée), il ne peut être prouvé, il est éternel, il est sans tache, il est le moi (la conscience) ; supérieur à l’éther, il n’a point eu de naissance, il est vaste et éternel[1]. »

Et ailleurs III. 7. 23 :

« Il n’est pas vu, il voit ; il n’est pas entendu, il entend ; il n’est pas pensé, il pense ; il n’est pas connu, il connaît. Nul autre que lui ne voit, nul autre que lui n’entend, nul autre que lui ne pense, nul autre que lui ne connaît[2]. »

Citons aussi III. 8. 8 où les paroles suivantes sont mises dans la bouche de Yâjnavalkya :

« Les brahmanes, o Gârgî, l’appellent l’indestructible. Il n’est ni épais, ni subtil, ni court, ni long, ni rouge, ni visqueux ; il n’est pas l’ombre, il n’est pas les ténèbres, il n’est pas l’air, il n’est pas l’éther, il n’adhère pas, il n’a pas le sens du goût, ni celui de l’odorat, ni celui de la vue, ni celui de l’ouïe ; il n’a pas de voix, pas d’organe ni de pensée, pas d’éclat, pas de souffle vital, pas de bouche, pas de dimensions, pas de dedans, pas de dehors ; il n’absorbe rien, rien ne l’absorbe[3]. »

Et, enfin, III. 9, 26 :

« Cet âtman (nous avons dit qu’âtman doit être pris comme synonyme d’être) qui n’est ni ceci ni cela, est insaisissable, car il ne peut être touché, indivisible, car il ne peut être brisé, indépendant, car il ne peut entrer en contact (avec quoi que ce soit) ; il est sans liens, il ne souffre pas, il ne périt pas[4]. »

L’être absolu comprenant en soi la cause et l’effet, le sujet et

  1. Prânasyâ prânam uta cakshushaç cakshur uta çrotrasya crotram manaso ye mano viduh te nicikyur brahma purânam agryam.

    Manasaivânudrashtavyam neha nânàsti.

    Ekadhaivânudrashtavyam etad apramayam dhruvam vijarah para âkâcâd aja âtmâ mahan dhruvah.

  2. Adrshto drashtâçrutah çrotâmato mantâvijnâto vijñâtâ nânyato’ sti drashtâ nânyato’ sti çrotâ nânyato’ sti mantâ nânyato’ sti vijnâtâ.
  3. Sa hovâcaitad vai tad aksharam gârgî brâhmanâ abhivadanty asthûlam ananv ahrasvam adîrgham alohitam asneham acchâyam atamo’ vâyvam nâkâçam asamgam arasam agandham acakshuskam açrotram avàg amano’ tejaskam aprânam amukham amâtram anantaram avâhyam na tad açnâti kim cana natad açnâti kaç cana.
  4. Sa esha neti nety âtmâgrhyo na hi grhyate’ çîryo na hi çîryate’ samgo na hi sajjyate’ sito na vyathate na rishyati.