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ÉTUDES DE PHILOSOPHIE INDIENNE


LE SYSTÈME VÉDÂNTA

Les Dogmes.

I

Dans deux articles précédents[1] j’ai indiqué les sources les plus accessibles aux savants européens pour l’étude de la philosophie Vedânta et les preuves sur lesquelles les fondateurs de cette doctrine ont prétendu l’établir. C’est dire que jusque-là je ne m’étais occupé que des préliminaires du travail que j’ai pris pour tâche. Aujourd’hui, j’en aborde la partie essentielle, c’est-à-dire les dogmes, en commençant par celui qui sert de base à tous les autres, la définition ou la conception de l’être.

§ I. — L’être dans les Upanishads.

Dans les plus anciens documents philosophiques qui font partie de la collection des Upanishads, l’idée métaphysique de cause et d’effet se trouve déjà résumée dans une catégorie unique qui embrasse l’univers et qui a pour désignation le mot sad, signifiant l’être. Et pour bien en marquer toute l’extension, les auteurs des Upanishads font sans cesse de ce mot l’épithète ou le synonyme de Brahma, le Dieu universel ; si, toutefois, on peut appeler Dieu une conception aussi impersonnelle, aussi absolument identifiée avec l’univers que l’est l’individualité panthéistique que célèbrent sous ce nom la Brihad Âranyaka et la Chândoyya Upanishad. Nous pouvons donc prendre l’un pour l’autre et appliquer à l’être même la

  1. Voir la Revue philosophique des 1er juin et 1er août 1876.