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ANALYSES ET COMPTES-RENDUS



Dr  Benno Erdmann. Die axiome der Geometrie, eine philosophische Untersughung der Riemann-Helmholtz’schen Raumtheorie. (Les axiomes de la géométrie, examen philosophique de la théorie de l’espace de Riemann et d’Helmholtz). — Leipzig, Léopold Voss, 1877, in-8, X-174 pages.

Ainsi que l’indique son titre, cet ouvrage a pour objet l’étude des conséquences philosophiques qui dérivent de ces récents travaux de géométrie, auxquels deux articles de la Revue ont déjà été spécialement consacrés[1].

Ce qui frappe en première ligne dans l’œuvre de M. Benno Erdmann, ce sont des qualités que nous sommes trop souvent portés à dénier à nos voisins d’outre-Rhin ; un plan nettement conçu, régulièrement développé suivant un ordre méthodique, une langue aussi claire que le comporte le sujet, témoignent chez l’auteur d’un esprit précis et lucide, dont le trait dominant consiste d’ailleurs à définir exactement les problèmes et à en distinguer soigneusement les diverses faces. Mais peut-être ces qualités brillantes ont-elles une ombre nécessaire ; en tout cas, on pourrait parfois, comme pour la plupart des esprits de la même famille, désirer un peu plus de profondeur ; ces problèmes si bien posés, si bien éclairés extérieurement, pour ainsi parler, ne sont pas toujours creusés jusqu’au cœur intime, et les questions, en un mot, sont tranchées avec une dextérité et une décision qui imposent, plutôt qu’elles n’apportent une pleine et entière conviction.

Ce n’est pas que nous nous proposions de combattre les conclusions de l’auteur ; elles concordent au contraire parfaitement, dans leur ensemble, avec nos propres opinions ; le lecteur ne s’étonnera donc pas si nous essayons de donner de cet ouvrage une analyse aussi complète que le permet l’espace dont nous disposons.

L’introduction (pp. 1-11) est un hors-d’œuvre consacré à une comparaison toute à l’avantage de notre temps, entre l’éclectisme qui caractérise, pour l’auteur, l’état actuel de la philosophie allemande, et celui qui, au siècle dernier, domina pendant la période entre Wolf et Kant.

  1. Voir les numéros de novembre 1876, p. 433 ; et de juin 1877, p. 553.