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périodiques. — Philosophische Monatshefte.

à l’école de Newton qu’il a emprunté la méthode, qu’il a portée avec tant de succès dans les problèmes de l’anthropologie, de la philosophie de l’histoire, de la morale, de la philosophie du droit, de l’esthétique et de la philosophie de l’histoire. »

— Sur l’Analyse de la réalité, par Otto Liebmann. (Strasbourg. 1876).

Ce n’est pas un système philosophique que nous expose Liebmann.

Le point de vue critique qu’il adopte, ne le lui permettrait pas. Aussi n’est-il pas facile de relier les vues de la 1re  et de la 2e  partie avec celles que contient la troisième. Ce que nous trouvons en revanche, dans cette succession de chapitres isolés, ce sont des considérations intéressantes, suggestives, présentées avec talent, un peu de recherche peut-être, et souvent relevées avec bonheur par des citations poétiques. Liebmann, dans son premier livre sur Kant et ses Épigones, se donnait déjà comme kantien, sans doute comme un kantien indépendant. On pourrait lui reprocher ici encore de ne pas tenir assez compte, dans son admiration pour Kant, des critiques dirigées par Trendelenbourg contre l’esthétique transcendantale ; de passer trop légèrement sur le rapport si important du temps à la causalité. On se demande également si la façon dont il présente son hypothèse d’une intelligence providentielle ne prête pas quelque peu à l’accusation de dualisme. Malgré le manque d’unité et, les lacunes, ce travail est digne de la plus sérieuse attention[1].

Heracliti Ephesii reliquiæ. Recensuit Bywater. (Londres, Macmillan, 1877).

On ne saurait trop appeler l’attention des érudits sur cette importante publication. Elle est due à un savant d’Oxford, connu par de récentes découvertes sur deux traités d’Aristote, le προτρεπτικὸς et le Dialogue sur la philosophie.

C’est la première édition complète d’Héraclite que nous possédions. Les textes d’Héraclite en remplissent la première partie ; puis viennent, pour chaque texte, tous les témoignages des écrivains grecs ou latins qui s’y rapportent, de sorte qu’on a en quelque sorte l’histoire de l’influence exercée par chacune des idées du sage d’Éphèse sur les philosophes des âges suivants. En troisième lieu, on trouve les variantes et les hypothèses proposées par les savants modernes relativement à chacun de ces textes. Bywater a été assez heureux pour retrouver le texte grec de quelques pensées, qu’on ne connaît que par les reproductions latines. L’appendice étendu du livre réédite le chapitre de Diogène de Laerte sur Héraclite, mais d’après des documents inédits ; et le chapitre d’Hippocrate sur la Diète, où Gessner, et récemment Bernays, ont découvert des imitations d’Héraclite. Suit un fragment, qui ne figurait pas jusqu’ici parmi les Reliquiæ d’Héraclite, à savoir une exposition en vers de sa doctrine, d’un certain Tejer. Les lettres d’Héraclite, d’après les éditions de Westermann et de Bernays, com-

  1. Pour plus de détails, voir le présent numéro de la Revue philosophique, p. 414 et suiv.