qu’elles ne sont que des contractions de la monade suprême. Nous n’avons pas à entrer dans le détail de la cosmologie de Bruno : ce qui reste d’un système, c’est surtout sa méthode, son inspiration, ses principes essentiels. Bruno vit aussi par tout cela. Il conçoit la nature comme un tout, où rien ne se fait que par des lois générales, où tout s’enchaîne, sans laisser la moindre place au miracle. Le naturalisme de Bruno, à l’encontre des subtilités mystiques de son temps, pressent l’unité de la nature et de ses forces. Avant les révélations du télescope et de l’analyse spectrale, avant les hypothèses et les découvertes du Darwinisme, il avait soupçonné l’uniformité de la nature et la génération spontanée : c’est un véritable précurseur. On regrette, dans cette intéressante étude, d’un côté que le lien de Platon et de Bruno ne soit pas mieux marqué ; de l’autre que les rapprochements entre certaines idées de Bruno et de Kant soient parfois singulièrement forcés.
— G. Knauer : Kant et Fries, à propos de la Défense de Kant contre Fries, par Vangenheim.
Knauer, en disciple zélé de Fries, défend son maître contre le reproche de méconnaître et d’altérer la pensée de Kant. Fries, plus que les autres successeurs prétendus de Kant, est resté fidèle à la pensée du grand philosophe, sur tous les points essentiels. Il n’a voulu que corriger les défauts de langage, les lacunes ou les excès de doctrine. Jusqu’à la théorie des idées transcendantales, Fries et Kant sont d’accord partout sur le fond. À partir de là, Fries va plus loin que Kant sans doute : mais c’est pour mieux appliquer que lui ses propres principes.
— Vaihinger : Hartmann, Dühring et Lange (Iserlohn, Bædeker. 1876).
Lasson reproche à Vaihinger d’étudier dans Hartmann et Dühring des philosophes qui n’ont pas dit leur dernier mot ; de n’être pas juste envers eux et de les citer sans impartialité ; d’écrire son livre à la gloire de Lange, qui est le plus inconséquent des trois ; et d’ériger en système les inconséquences de ce dernier. Nous donner comme le vrai kantisme l’interprétation sceptique et exclusive de la Critique de la raison pure, c’est « se parer du nom de Kant comme les Jésuites se parent du nom de Jésus ; c’est prendre de l’œuvre du maître la partie la moins importante, sa critique de la raison pure, qui n’est pas une critique de la raison pure, mais une critique de la raison corrompue par l’école de Wolff et la philosophie populaire, qui lui succéda. »
— L. Weiss : Idealrealismus und Materialismus. (Berlin. Grieben, 1877).
Weiss, qui a fait paraître de 1871 à 1873 un gros ouvrage (Antimatérialisme ou critique de toute philosophie de l’Inconscient), pour corn-