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ne pouvons rien dire, si ce n’est que l’auteur nous y promet des vues neuves sur la génération spontanée, la fermentation, l’adaptation, les croisements, les émigrations des espèces, des nations, etc.

Ces belles promesses seront-elles tenues ? Attendons avant de nous prononcer : mais nous craignons bien que M. Conta se laisse entraîner ici encore à prendre plus d’une fois des suppositions sans fondement pour des hypothèses solides.

Beurier.

P. Blaserna et Helmholtz. Le son et la musique, suivis des causes physiologiques de l’harmonie musicale (avec 50 fîg. dans le texte), Paris, Germer Baillière, 1877.

La Bibliothèque scientifique internationale vient de s’enrichir d’un nouvel ouvrage digne en tous points de ses devanciers. Voici comment l’auteur s’exprime dans sa préface : « J’ai cherché à réunir, sous une forme simple et abordable, deux sujets qui, jusqu’ici, avaient été traités séparément. En effet, le physicien ne se hasarde guère sur le terrain de la musique, et nos artistes ne connaissent pas assez l’importance considérable des lois du son dans un grand nombre de questions musicales. La science a fait, sous ce rapport, de très-notables progrès dans ces derniers temps. Elle est arrivée à concentrer sous un point de vue unique l’histoire du développement de la musique, et à fournir pour la critique musicale une base plus large et plus sûre. Exposer brièvement les principes fondamentaux de cette science et en montrer les plus importantes applications, tel est le but de cet ouvrage. » Disons tout de suite que ce but est parfaitement atteint.

Il ne rentre peut-être pas dans le cadre de cette Revue de faire un long compte-rendu d’un livre qui traite, en somme, d’une branche de la physique ; mais tel est le caractère de la philosophie actuelle qu’il ne lui est pas permis de se désintéresser des progrès des sciences positives. La musique est, sans contredit, le plus immatériel de tous les beaux-arts ; c’est celui qui s’adresse à tout ce qu’il y a de plus intime, de plus vague, de plus indéfinissable dans notre nature sensible ; d’un autre côté, l’acoustique est, dès la plus haute antiquité, de toutes les sciences de la nature, celle qui a le plus complaisamment livré à l’homme la clef de ses mystères à tel point que, depuis les travaux de Helmholtz, l’on peut dire qu’il y reste bien peu de recoins où la lumière n’ait pas pénétré. Seul le côté physiologique des phénomènes auditifs est loin d’être parfaitement accessible ; cependant il est possible de dessiner à grands traits leur allure. Il est donc intéressant au plus haut chef de rechercher comment de simples vibrations des molécules de l’air peuvent inspirer à l’âme la gaîté, la mélancolie, le rire, la terreur, l’extase, Or c’est là un point qui a été traité par l’auteur avec une lucidité parfaite, et, ajoutons-le, avec la plus grande simplicité. Son