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ANALYSES. — bouillier.Du plaisir et de la douleur.

ditaire, est l’addition la plus importante que nous ayons à signaler dans ces derniers chapitres, d’ailleurs entièrement remaniés et refondus.

En somme ce livre, qui était devenu comme classique dès la première édition, bien qu’il ne fût presque alors qu’une ébauche, est selon nous, tel qu’il s’offre aujourd’hui, le meilleur ouvrage dogmatique du savant historien de la Philosophie cartésienne. Sur tous les points essentiels où il est en désaccord avec Léon Dumont, c’est lui qui nous semble dans le vrai. Quand une doctrine demeure ainsi inébranlée sous les critiques, on peut dire qu’elle a fait ses preuves. Seulement notre auteur n’a peut-être pas tiré tout le parti possible d’un tel adversaire. Il aurait pu, sans rien relâcher de sa théorie, l’élargir en entrant plus avant dans les discussions qui s’offraient, en restant moins strictement sur la défensive. Par exemple, pourquoi ne pas esquisser une classification des théories du plaisir, quand on affirme que celle de L. Dumont est arbitraire. Tout arbitraire qu’elle est, c’est pour nous la partie la plus précieuse de son livre ; et M. Bouillier, croyons-nous, aurait encore ajouté à la valeur du sien, s-’il eût consacré un chapitre à une tentative du même genre, que personne ne saurait faire avec plus d’autorité que lui.

Henri Marion.

A. Espinas. Des sociétés animales : étude de psychologie comparée. Paris, Germer Baillière et Cie, in-8o, 289 pp.

Il s’est produit, dans ces dernières années, de nombreuses et bonnes recherches sur les mœurs des animaux. La plupart sont dues à des naturalistes : elles ont été suscitées par le développement croissant des sciences de la vie, par les problèmes que la théorie de l’évolution soulève, enfin par l’attrait toujours nouveau de la question elle-même : de leur côté, les psychologues ne sont pas restés indifférents. Depuis que l’idée d’appliquer la méthode objective et comparative à l’étude des phénomènes mentaux a pénétré dans les esprits, la nécessité d’une psychologie de l’animal, comme complément de celle de l’homme, s’est imposée et des efforts ont été tentés dans ce sens. L’ouvrage qui va nous occuper en est une nouvelle preuve.

Toutefois le livre sur Les Sociétés animales présente, comme son titre l’indique, un caractère particulier. La plupart de ceux qui ont étudié les facultés mentales des animaux se sont restreints à la psychologie pure : les uns se sont attachés à l’instinct et ont essayé d’en déterminer la nature et l’origine ; d’autres ont poursuivi à travers le règne animal l’évolution ascendante de l’intelligence et des sentiments ; d’autres ont montré chez les bêtes l’influence de l’expérience personnelle et de l’éducation et ont renversé ce préjugé devenu classique : l’animal ne sait rien perfectionner. M. Espinas s’est proposé un autre but : c’est d’étudier dans toute la série les tendances sociales ; rien de