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LES PRINCIPES DIRECTEURS

DES HYPOTHÈSES


(suite et fin)[1].


Quelle est l’origine des principes directeurs que nous venons de passer en revue ? Les principes des sciences particulières sont des hypothèses confirmées dont la valeur se mesure au degré de leur confirmation expérimentale. Si l’on réussissait un jour à réduire d’une manière valable les phénomènes de la vie au pur mécanisme, la direction des recherches biologiques se trouverait modifiée, puisque la biologie disparaîtrait, à titre de science spéciale, pour se fondre dans la physique. Quant à la recherche de l’unité sous ses diverses formes, ce n’est pas une hypothèse, mais le principe directeur de toutes les hypothèses ; c’est une loi de la raison qui devient le postulat de la science entière. L’homme n’a pas trouvé fortuitement l’harmonie des choses et la réduction de phénomènes complexes à des éléments simples, de manière que ses recherches sous ce rapport soient le résultat d’une découverte faite par hasard dont il aurait généralisé les résultats. « L’image du Cosmos qui s’est révélée primitivement au sens intérieur comme un vague pressentiment de l’harmonie et de l’ordre dans l’univers, s’offre aujourd’hui à l’esprit comme le fruit de longues et sérieuses observations. » Ainsi parle M. de Humboldt[2]. M. Helmholtz disait aux naturalistes allemands réunis à Inspruck en 1869 : « La grande masse des phénomènes s’ordonne de plus en plus sous la main de la science ; les doutes concernant l’existence de lois immuables des phénomènes disparaissent chaque jour ; l’on découvre des lois toujours plus grandes et plus générales ! Les résultats pratiques montrent qu’on est dans la bonne voie[3]. » Ce sont les résultats pratiques en effet, qui garantissent à la raison que ses lois fondamentales sont d’accord

  1. Voir le numéro précédent de la Revue philosophique.
  2. Cosmos, Tome I, page 2.
  3. Revue des cours scientifiques, du 8 janvier 1870.