mine le sens des termes et qu’on se rende compte de la théorie de l’auteur.
L’instinct, en effet, désigne pour M. Joly la synthèse des facultés sensibles ; c’est « l’ensemble des besoins et des désirs qui par la sensation et les images imposent à tout animal des mouvements, les uns constants et invariables, les autres accidentels, les autres enfin habituels, suivant les exigences de son organisme et les facilités que lui procurent les circonstances de toute sorte au milieu desquelles s’accomplit son existence » (p. 106). L’habitude et l’hérédité consolident les ressorts de ce mécanisme ; mais les éléments en sont puisés dans le fonds primitif de spontanéité des cellules vivantes. Dans une suite de chapitres ingénieux et solides, M. Joly nous en décrit la formation. Les activités élémentaires de l’organisme, réclamant pour excitant les matériaux sur lesquels elles s’exercent et réagissant contre l’excitation, propagent leurs impressions par l’intermédiaire du système nerveux, l’appareil centralisateur et régulateur de la vie, et les multiplient jusqu’à donner naissance à ces ébranlements de l’être tout entier qu’on appelle des sensations. Puis, prolongeant par la persistance de leur action la sensation en image, elles entourent chaque sensation de ses harmoniques par le redoublement du plaisir et de la douleur dans des images qui forment avec elles accord ou contraste. Elles créent ainsi suivant la nature et l’abondance des images une sensibilité harmonieuse ou discordante, frémissante ou obtuse ; et, trouvant en retour un nouveau stimulant dans le plaisir et la douleur ainsi formés, elles s’élèvent du besoin organique jusqu’au désir qui s’accompagne de la représentation de sa fin et reparaît, ensuite, provoqué par l’image, même en l’absence du besoin. Tels sont les phénomènes vraiment primitifs de la vie psychologique de l’animal. Qu’on y ajoute l’influence des circonstances extérieures et les effets de l’habitude, on aura déterminé les causes des impressions multiples et variées qui le dirigent ; et on aura par cela même analysé l’instinct. Car les mêmes facultés expliquent les actions uniformes et communes à l’espèce et les actes qui varient selon les individus et les circonstances. D’une part, en effet, l’instinct n’est pas absolument uniforme ; semblable à la racine de la plante qui contourne l’obstacle et dévie de sa route en vertu de la tendance même qui dirige son développement normal, il se modifie selon les circonstances, c’est-à-dire, selon les modifications des activités vitales, dont il n’est que la synthèse. D’autre part, les actions individuelles, où l’on a cru surprendre parfois du raisonnement, sont liées aux impulsions aveugles de la sensibilité ; toujours spéciales, toujours fatales, elles se confondent avec les actions instinctives. Donc l’animal ne dépasse pas l’instinct (pp. 37-181).
Tout ce développement est bien conduit, et l’auteur y déploie d’heureuses qualités d’analyse. Il y a là des passages excellents (par exemple p. 59 et suiv.) qui rappellent sans désavantage des pages analogues de M. Bain ou de M. Taine. La fin de la discussion, où M. Joly remet vi-