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paraître une seconde édition, tout à fait renouvelée, qui porte son nom), qu’il faut chercher les compléments de détail et les faits justificatifs, que les récentes découvertes de la science ont apportés à la conception finaliste de M. de Hartmann.

Nous nous proposons de réunir bientôt dans une étude d’ensemble ces divers essais.

Le Darwinisme ne fait en aucune façon double emploi avec les écrits dont il vient d’être parlé. Essayons de déterminer avec précision, dès le début, l’idée maîtresse du livre que nous analysons. Il ne s’agit plus pour l’auteur d’insister, comme dans la philosophie de l’Inconscient, sur la vérité du principe de la Descendance et le rôle qu’il convient d’assigner dans l’Évolution des espèces à la théorie de la sélection ; ni de faire ressortir, comme dans l’étude sur Hæckel, le caractère prématuré, chimérique, et la pauvreté métaphysique des synthèses aventureuses et des principes ambitieux, qui s’étalent dans l’Histoire naturelle de la création et surtout dans l’Anthropogénie de Hæckel. La tâche poursuivie dans le livre sur le Darwinisme est, avant tout, d’arracher leur titre mensonger de principes mécaniques aux différents principes darwiniens, tels que les définissent et les appliquent les partisans eux-mêmes du transformisme. Les facteurs nécessaires de la sélection naturelle : à savoir la lutte pour l’existence, la variabilité, l’hérédité, aussi bien que les principes purement auxiliaires, comme l’action des milieux, l’usage, la sélection sexuelle, la loi de corrélation sont constamment, mais subrepticement ou d’une façon inconsciente, associés par les Darwiniens à des principes téléologiques, et comme pénétrés de finalité à dose plus ou moins forte. En admettant donc que la théorie transformiste, appuyée sur la sélection naturelle, réussisse à expliquer tous les mystères de la vie organique et de l’évolution des espèces, elle n’aurait fait qu’affirmer sous des formes et des noms nouveaux l’existence d’un principe spontané du développement organique. Elle n’aurait réussi en aucune façon à supprimer la nécessité interne ou la finalité, au profit de la nécessité externe, c’est-à-dire du pur mécanisme.

Mais entrons dans le détail des sept chapitres qui composent cet opuscule si substantiel. Si nous avions admiré, dans d’autres écrits, l’inspiration métaphysique, la finesse de l’observation psychologique, la richesse et la sûreté de l’érudition, la verve de la polémique, c’est surtout par la pénétration de l’analyse que se recommande le nouvel ouvrage de M. de Hartmann.

Après avoir rappelé les efforts qu’il a faits précédemment pour se tenir, dans son jugement sur le Darwinisme, à égale distance d’une opposition passionnée et d’une approbation systématique, aussi loin de la réaction prétendue conservatrice des uns, que de l’impatience révolutionnaire des autres, M. de Hartmann montre, en quelques traits rapides, sans déclamation, l’importance et la nature essentiellement philosophique du débat qui s’agite autour du nom de Darwin entre les