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naville. — principes directeurs des hypothèses

à vouloir prétendre que la recherche de l’unité est bien l’une des formes de notre pensée, mais que cela ne prouve rien quant à la réalité des choses, puisque l’histoire entière de la science témoigne que la pensée qui suit cette direction a rencontré toutes les vraies lois de la nature qui nous sont connues. L’expérience est la base nécessaire et le contrôle obligatoire de toute affirmation scientifique ; mais l’expérience est dirigée par la recherche de la simplicité et de l’harmonie de la nature.

La question se compliquerait si nous abordions ici le domaine des sciences psychologiques. La science a pour mission de rechercher la simplicité et l’harmonie des lois du monde spirituel comme des lois de la nature ; mais l’existence de libertés relatives qui peuvent violer les lois, sans échapper définitivement à leur empire, place l’étude dans des conditions différentes. Les considérations de cet ordre m’éloigneraient du but direct de mon étude, qui sera d’autant mieux atteint qu’il le sera dans le domaine des sciences les plus positives, c’est-à-dire de celles d’où l’on a tenté le plus souvent d’exclure totalement l’hypothèse et les principes directeurs de la pensée.

E. Naville,
Membre correspondant de l’Institut.
(La fin prochainement.)