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REMARQUES SUR L’INDUCTION

DANS LES SCIENCES PHYSIQUES


La théorie de l’induction n’est point achevée. Les logiciens n’ont pas encore réussi à se mettre d’accord au sujet de la nature et de la valeur de cette opération intellectuelle. Stuart Mill en conteste le premier principe et M. Rabier, qui l’admet, ne lui attribue que le rang d’une hypothèse de plus en plus confirmée par l’observation. Nous possédons, sur ce sujet, une magistrale étude de M. Lachelier à laquelle on fera toujours bien de revenir ; même après M. Lachelier cependant, on peut utilement poser quelques questions et essayer une ou deux réponses.

Nous appelons induction l’acte intellectuel qui aboutit à formuler les lois de nature ; pour bien comprendre l’induction, il faut donc d’abord s’efforcer d’avoir une idée nette de ce qu’est une loi de nature. La science moderne a sur ce point une doctrine très précise, mais qui paraît n’être pas encore généralement entendue. Une loi est un rapport de dépendance entre deux termes, rapport tel que, si le premier terme est donné, le second l’accompagne ou le suit, toujours et partout. C’est une loi par exemple que, si un rayon lumineux tombe sur une surface avec laquelle sa direction forme un angle de 45 degrés, l’angle de réflexion sera aussi de 45 degrés ; c’est une loi que, si un corps est plongé dans l’eau, il perd un poids égal à celui du volume d’eau qu’il déplace. La nécessité énoncée par ces formules est une nécessité conditionnelle. Si le premier terme se produit, le second se produit nécessairement. Mais la production du premier terme n’est point donnée comme nécessaire et, si le premier terme ne se produit pas, le second ne se produit pas non plus. On appelle affirmations hypothétiques celles où le rapport entre le prédicat et le sujet n’est affirmé que sous une certaine condition ; les énoncés de lois ou les théorèmes sont donc des affirmations hypothétiques.