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UNE OBSERVATION

Tout le monde connaît le sentiment que l’on éprouve en voyant de nouveau un objet, en présence duquel l’on s’est trouvé peu de temps ou longtemps auparavant. Cette seconde aperception d’un genre particulier a lieu, quelque courte qu’ait été la période de la non-aperception.

Or un sentiment analogue à celui que nous ressentons quand l’objet a été absent, pour nous, s’éveille également en nous dans le cas suivant. Fixez un objet, et enfoncez-vous dans un souvenir, une pensée, une rêverie, et, quand cette distraction a pris fin, vous voyez tout à coup l’objet fixé comme si vous ne l’aviez pas vu auparavant ; bien que vos yeux aient été ouverts, il surgit pour ainsi dire de nouveau.

Ou bien, c’est la conclusion qui semble permise, un objet n’existe pour nous que dans le cas où non seulement nous le regardons, mais où nous le voyons réellement, où notre vue s’y attache intentionnellement, ou bien nos organes percepteurs sont devenus, par suite de notre excitation intérieure, pendant la rêverie, incapables de recevoir une impression venant de l’extérieur. (Comparez avec ce fait la suggestion qui empêche une impression de se produire.)

Dr Richard Wahl (Vienne).

NÉCROLOGIE

M. A. Spir, un philosophe russe, dont le nom n’est pas inconnu de nos lecteurs, est mort à Genève, le 26 mars ; il n’avait que cinquante-trois ans. La Revue a publié deux articles (mai 1879, avril 1888), qui donnent quelque idée de la façon dont il avait essayé de renouveler la philosophie kantienne. Ses œuvres allemandes ont été réunies en quatre volumes (Gesammelte Schriften) et publiées par son ami et son disciple, M. Findel, à Leipzig, en 1884. Il a donné, depuis, en français, ses Esquisses de Philosophie (F. Alcan, Paris, 1887).

Il n’a pas eu à se plaindre de ses contemporains : son principal ouvrage, non encore traduit, Denken und Wirklichkeit, a eu trois éditions ; mais il comptait surtout sur la postérité. Si elle ne ratifie pas toutes les assertions de ce puissant esprit, il en est beaucoup qu’elle adoptera pour son bien.

A. P.

ERRATUM

Le compte rendu du livre de M. Bergson, sur les données immédiates de la conscience, publié dans le précédent numéro, est de M. Lévy-Bruhl, dont la signature a été omise par erreur.