premier terme a conservé entière la désinence casuelle qu’il porterait dans la construction non composée. Tel est en grec le composé Διόσκουροι « les fils de Jupiter », qui ne diffère de l’expression non composée Διός κοῦροι qu’en ce que les deux parties composantes ont contracté entre elles une union dont l’étroitesse est figurée et consacrée par l’accent qui leur est commun.
Les composés de ce genre doivent être considérés comme les intermédiaires entre la non-composition et la composition proprement dite, caractérisée, rappelons-le, par l’invariabilité du premier terme du composé. Quant à la cause du rapprochement tout particulier qui s’est produit entre les deux termes dont les composés sont formés, elle résulte certainement d’une raison logique à laquelle nous avons déjà touché. Un nom commun ne devient nom propre, c’est-à-dire capable de désigner un individu, qu’à l’aide d’un ou de plusieurs adjectifs (attributs ou régimes) qui ajoutent à l’indication du genre auquel il appartient la différence spécifique qui le distingue, qui le définit, en un mot, parmi les autres individus du même genre. On conçoit par là l’adhérence à laquelle se trouvaient provoquées les combinaisons d’adjectifs et de substantifs qui constituaient uniquement à l’origine les noms propres occasionnels ou permanents. Il nous suffira de rappeler les désignations individuelles comme Charles le Simple ou Philippe le Bel pour faire sentir ce qu’il y avait en quelque sorte de nécessaire dans la création des composés déterminatifs (ceux dont le premier terme est un adjectif), comme μεγαλόπολις « la grande ville », λευκόκρας « celui qui a la tête blanche », δολίχουρος « (l’animal) à la longue queue », etc. Mais nous connaissons l’identité fondamentale au point de vue logique des composés de dépendance et des composés déterminatifs, et les remarques que nous venons de faire s’appliquent aussi bien à ceux-là qu’à ceux-ci.
D’ailleurs de même que Διόσκουροι tient le milieu en ce qui regarde la forme entre une expression non composée Διός κοῦροι et un composé sur le type de ceux dont le premier terme est invariable tel que le serait Διόκουροι, on peut le considérer en même temps quant au sens comme un intermédiaire logique entre les deux significations possibles (et identiques d’ailleurs au fond) « fils de Jupiter ou de Dieu » et « fils divins », selon qu’on prend Διός pour le génitif de Ζεύς ou pour l’adjectif δῖος « divin ». Dans le premier cas, le composé est de dépendance et dans le second déterminatif.
Mais ces remarques ne prendront toute leur valeur au point de vue qui nous occupe, que si j’insiste sur ce point que Διός, génitif de Ζεύς (proprement le ciel, puis le ciel personnifié, Jupiter), peut être