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LA MÉTAPHYSIQUE DE M. WUNDT

(Fin[1].)

Nous savons quel est l’objet et quelle est la méthode de la métaphysique. La métaphysique a pour objet de combler les lacunes de la science et de donner à nos connaissances une véritable unité. Sa méthode consiste dans la construction d’hypothèses, dont les éléments sont empruntés à l’expérience, mais qui, néanmoins, prétendent dépasser l’expérience scientifique, et embrasser à la fois l’expérience déjà réalisée ou réalisable et l’expérience possible ou simplement concevable.

La science, telle que la conçoit M. Wundt, propose à la métaphysique un triple problème :

1o Le problème de l’unité physique ou cosmologique ;

2o Le problème de l’unité psychologique ;

3o Enfin, comme la raison ne peut s’arrêter à la conception de deux unités irréductibles, le problème de l’unité totale de l’univers. Ce dernier problème est le problème de l’unité ontologique.

Le premier de ces trois problèmes est celui qui arrête le moins longtemps M. Wundt. Nous ne devons pas nous en étonner. Nous avons accordé à M. Wundt que le monde objectif n’est qu’un monde de représentations ou plutôt de concepts, expressions indirectes et lointaines de la réalité. Or ce ne sont pas des concepts, simples produits de l’activité de l’esprit, qui peuvent nous révéler le secret de l’essence des choses. Si l’essence des choses n’est pas inaccessible à notre esprit, comme le croyait Kant, seule une intuition immédiate pourra nous la faire connaître. Seule la psychologie, science des intuitions immédiates, peut donc fournir à l’ontologie les matériaux nécessaires à ses hypothèses. Le problème psychologique et le problème ontologique devaient donc former l’objet des deux chapitres les plus importants du livre que M. Wundt consacre dans son ouvrage aux idées transcendantes.

  1. Voir le numéro précédent de la Revue, p. 449.