Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIX.djvu/559

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
549
ANALYSES.f. masci. Psicologia religiosa.

surnaturel et ceux qui la considèrent comme une forme transitoire de l’esprit humain, la science de la religion est possible. Elle se restreint, dans sa partie substantielle, à la psychologie de la religion ; elle n’est pas individuelle, mais ethnique ; impossible avec l’étude directe du sujet, mais possible avec un examen comparatif des religions. L’auteur énumère les raisons qui ont dû faire abandonner les interprétations allégoriques, qui eurent cours jusqu’au siècle passé.

L’auteur repousse pour plusieurs motifs l’interprétation philologique. La philologie comparée, qui a donné naissance à la mythologie comparée, a introduit dans ce champ de recherches la méthode comparative. On est arrivé, à l’aide des étymologies, à établir la signification primitive de beaucoup de mythes ariens, et à montrer l’identité primitive des mythologies ariennes, qui toutes nous rapportent à une phase naturaliste, où les légendes divines apparaissent comme des mythes cosmiques. Mais on ne peut admettre que la philologie saisit sur le fait l’agent producteur du mythe : l’influence exercée sur l’esprit par la métaphore verbale ne peut pas expliquer l’animisme, qui est le caractère général des religions. Il est naturel de penser que le nom personnel a suivi la personnification, et de chercher la raison de l’animisme dans les analogies fantastiques, qui sont spontanées, primitives, inconscientes. L’animisme est une représentation personnelle d’un fait naturel ; cette sorte de représentation est continue ; elle n’est pas, comme le prétendent les mythologues, l’effet d’une équivoque, produit une fois et persistant ensuite en dehors de la cause qui a pu l’engendrer. Il ne faut pas chercher la cause de la personnification dans le genre sexuel du nom, puisqu’il y a des langues où il manque, et que le genre se distingue dès le principe en animé et inanimé. En ce qui concerne la fixation des types mythologiques, l’influence de la langue est secondaire ; le fait que la faculté mythique se retrouve dans les sourds-muets pourrait difficilement s’accorder avec la théorie philologique.

L’interprétation philologique a encore, selon M. Masci, le défaut de négliger l’examen direct des formes primitives des religions, pour les reconstruire par l’analyse des formes supérieures. De là deux erreurs : la croyance à l’idée primitive de Dieu et aux religions primitives de la nature. M. Masci lui reproche aussi sa facilité à étendre l’interprétation mythologique aux légendes héroïques, sur la fragile base d’analogies lointaines entre les faits humains et les faits naturels. Il ne saurait admettre, avec Comparetti, la primitivité des légendes héroïques ayant une signification morale : si le symbolisme moral peut agir efficacement sur la transformation des mythes, il est impuissant à les créer.

L’auteur arrive à la conception ethnologique qui, pour son idée fondamentale, remonte à Vico. L’animisme est le facteur primitif et le plus général des religions : il suppose la distinction de l’animé et de l’inanimé et l’idée de l’âme comme l’autre du corps, c’est-à-dire la