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Il est plus concis sur l’éther, et c’est regrettable : nous serions curieux de connaître la nature et la constitution d’une substance qui passe encore pour hypothétique. Le Dr Fauvelle se borne à en affirmer l’existence et, sans plus de discours, nous explique le monde avec les deux principes qu’il a posés.

Nous pourrions le suivre pas à pas dans ses longues explications et faire défiler ici ses théories sur la chaleur, l’électricité, la nervosité, les nébuleuses, la terre, la chlorophylle, les animaux et les plantes ; mais pour plus de simplicité, contentons-nous de choisir dans cet ensemble harmonieux, et demandons à l’auteur comment il a expliqué par la physico-chimie, la vie et la pensée, comment il a résolu ces deux difficultés capitales.

Pour la première, il est beaucoup plus timide que les pages précédentes ne le faisaient présager : il parle d’une lacune et ne la comble pas par une affirmation. C’est une surprise. Mais cette lacune une fois constatée, il expose sur la nature du premier être vivant une théorie personnelle qui doit tout simplifier, c’est sa théorie de la chlorophylle.

On a prétendu que le premier être fut une cellule animale. — Rien de plus faux, pense le Dr Fauvelle, puisque les êtres monocellulaires ne peuvent se nourrir que de débris organiques ; il y a là un cercle vicieux.

Au contraire, les cellules végétales peuvent directement se nourrir de minéraux, sous l’influence de la lumière et de la chlorophylle. Il est donc infiniment probable que la première cellule fut une cellule verte et qu’elle a été formée par la chlorophylle préexistante, aidée des vibrations lumineuses de l’éther. Le problème de la vie est ainsi ramené à la production de la chlorophylle et par suite simplifié.

Tout cela serait fort bien si, pour exercer son action, la chlorophylle n’avait besoin de matière organisée dans l’intérieur de la cellule. Ce simple fait, que le Dr Fauvelle ne nie pas, ne lui laisse que le mérite d’avoir remplacé un cercle vicieux par un autre. Sans doute, il se rabat sur le passé et prétend que la chlorophylle a pu être moins exigeante autrefois ; mais ses adversaires peuvent faire valoir pour les cellules animales un argument analogue, qui diminue beaucoup la valeur du sien.

Bref, c’est une déception que ce chapitre sur la chlorophylle ; nous voyons bien qu’il y est question de la matière et de l’éther, mais la matière et l’éther ne peuvent rien y expliquer.

Nous n’avons pas plus de bonheur avec la nervosité, à moins qu’on ne veuille donner le nom d’explications aux hypothèses suivantes :

« C’est sur les surfaces limitantes, à l’extrémité du filet nerveux, que l’excitation se produit. Sous cette influence, l’éther se transporte de molécules en molécules, jusqu’à l’autre extrémité, où il se dégage sous forme de chaleur qui donne naissance à des réactions chimiques. »

Il y a là de quoi rendre jaloux ces faiseurs de systèmes de l’ancienne Grèce qui expliquaient le monde avec l’eau, l’air ou le feu. Je demande