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Il n’est pas malaisé de deviner le but d’une pareille association. Le professeur académicien estime que l’Espagne a été fort heureusement préservée de l’hérésie par le Saint-Office de l’Inquisition, qu’il admire et bénit comme la meilleure formule de l’unité nationale. Il voudrait donc une philosophie sage, raisonnable, orthodoxe, complaisante et déférente pour la théologie, ancilla theologiæ, une académie spéciale, una academia especial de filosofia española ; une revue expressément fondée pour la propagande de cette philosophie essentiellement et exclusivement espagnole, la fundacion de una revista, que exclusivamente tuviese por objeto la propaganda en favor del estudio de la filosofia española. Ce n’est pas tout : une société de bibliophiles devrait se consacrer à la publication d’une bibliothèque des philosophes espagnols ; et, comme la plupart de ces philosophes sont théologiens, il serait opportun de rétablir quelques congrégations religieuses qui s’acquitteraient de cette tâche délicate avec toutes garanties pour la foi orthodoxe.

Voilà en bref les vœux et doléances de ce petit Ozanam et de ce petit Veuillot, qui ne doit pas manquer d’appuis dans l’épiscopat espagnol, où se sont glissés depuis quelques années nombre de religieux augustins, dominicains et jésuites. Beaucoup de ces derniers figurent dans les académies. Leur approbation ne saurait manquer au futur historien de la philosophie espagnole. Il ne perdra rien à grossir d’une nouvelle compilation le recueil déjà gros de ses œuvres complètes.

Pobre España !

J.-M. Guardia.