Le principe de causalité s’applique donc directement, sans le secours d’aucun concept auxiliaire, aux phénomènes subjectifs ; mais il faut bien remarquer que cette causalité psychologique n’est pas de même nature que la causalité mécanique. Celle-ci n’est qu’un concept abstrait, formé par la pensée pour rendre le monde intelligible. La cause psychologique au contraire est une activité vivante, car M. Wundt pense que toutes les lois des faits de conscience ont leur principe dans la volonté. Il suit de là que la causalité psychologique n’est pas, comme la causalité mécanique, soumise au principe de l’équivalence des causes et des effets. La causalité physique n’est que la succession régulière des changements d’une matière abstraite, incapable de rien produire : au contraire, la causalité psychologique est la causalité d’une volonté créatrice. Or la volonté ajoute toujours aux phénomènes conséquents quelque chose qui n’était pas dans les antécédents. Personne ne soutiendra qu’un poème trouve son explication complète dans les conditions au milieu desquelles le poète sent, pense et crée. Il serait évidemment absurde de croire que, dans des circonstances de ce genre, l’effet équivaut à la cause, comme le travail mécanique que peut produire un corps en tombant équivaut à la force qu’il a fallu déployer pour l’élever à la hauteur dont il est tombé. On peut dire de même que les plus humbles productions de l’esprit dépassent leurs causes : une représentation si simple qu’elle soit contient toujours quelque chose de plus que l’addition des sensations élémentaires qui la composent : ce quelque chose, c’est l’assemblage des parties dans un tout, c’est l’ordre, c’est la valeur. Toute cette doctrine se résume dans une loi à laquelle M. Wundt revient souvent, la loi de l’activité croissante de l’esprit (Prhicip luachsendcr geistiger Energie). Il résulte de cette loi, que la recherche des causes d’un phénomène psychologique, utile pour comprendre la genèse de ce phénomène, ne saurait l’expliquer au sens physique du mot. Nous verrons comment la métaphysique peut essayer de combler l’abîme que cette loi semble creuser entre le monde extérieur et le monde intérieur.
Il nous reste à parler, pour terminer cette exposition de la doctrine de l’entendement de M. Wundt, de l’idée de finalité et du rôle que cette idée joue dans le système de nos connaissances, soit psychologiques, soit physiques. L’idée de fin est d’origine psychologique. À chaque instant, dans l’étude de notre activité intellectuelle et volontaire, nous rencontrons des combinaisons d’images, d’idées, d’actes qui trouvent leur explication dans des fins esthétiques, intellectuelles, morales. Dans les fonctions psycho-physiques, la finalité a peut-être une part moins grande que dans les opérations supé-