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h. lachelier. — la métaphysique de m. wundt

notre conscience. Il appartient à la métaphysique d’établir cette unité dernière.

IV. — Les Idées directrices de la connaissance.

Pour expliquer les phénomènes, soit extérieurs, soit intérieurs, c’est-à-dire pour les réduire à des systèmes dont tous les éléments soient coordonnés entre eux, la pensée forme des concepts généraux dont le rôle est de rendre possible la réduction à l’unité des phénomènes et de leurs rapports. Ces concepts sont ce que la philosophie a souvent appelé les principes ou les idées directrices de la connaissance : idée de causalité, de substance, de finalité[1]. Nous passerons rapidement sur les idées de cause et de substance qui ont déjà fait l’objet d’une étude dans cette Revue. Nous insisterons davantage sur ridée de finalité, dont il n’a pas encore été parlé et qui nous préparera à l’intelligence du système métaphysique de M. Wundt.

Les idées de cause et de substance ne sont pas, comme les catégories de Kant, ou comme les idées innées des Cartésiens, des données a priori de l’esprit. Ce sont des concepts suggérés par l’expérience, hypothétiques en ce sens qu’ils dépassent l’expérience : la pensée les forme pour satisfaire à ses lois, pour rendre possible l’application aux phénomènes du principe de Raison. Ainsi l’ordre régulier des phénomènes de la nature, qui n’est d’abord qu’un simple fait empirique, nous suggère l’idée de causalité constante et, dans cette idée, la pensée voit un moyen d’établir entre les faits d’expérience des relations de condition à conséquence. Toute cause est en effet une condition et tout effet une conséquence. Nous savons comment la pensée scientifique transforme ces relations causales en relations de concepts subordonnés les uns aux autres, et comment elle arrive à donner ainsi à la causalité une nécessité d’ordre logique.

Quant à l’idée de substance, c’est un concept tout hypothétique que la pensée forme pour rendre la causalité intelligible, c’est un concept auxiliaire du concept de causalité. En effet la pensée exige que toutes les relations de phénomènes que nous pouvons observer dans la nature, soient réduites à un type unique de causalité : il faut supposer pour cela une matière une, homogène, partout semblable à elle-même, sans différences qualitatives, et dont les changements se réduisent à des mouvements de parties élémentaires. Ce concept conserve toujours un caractère hypothétique, parce qu’il est impos-

  1. Nous laissons de côté, pour éviter de trop étendre cette analyse, les concepts qui servent de fondement aux mathématiques.