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de la cellule germinative. Sa structure est extrêmement complexe, persistante en même temps. Par lui la cellule germinative devient apte à bâtir un organisme, une architecture de la matière vivante. Il est l’immortel porteur des propriétés qui se transmettent par hérédité. Une partie de ce plasma n’est pas employée à bâtir le corps du rejeton ; elle est réservée sans changement pour former les cellules germinatives de la génération suivante. Celles-ci ne seraient donc pas le produit du corps, au moins dans leur portion essentielle, — le plasma germinatif spécifique, mais plutôt quelque chose d’opposé à la somme totale des cellules somatiques, et les cellules germinatives des générations successives seraient liées l’une à l’autre comme des générations de Protozoaires.

MM. Geddes et Thomson interprètent les faits de la manière suivante. Le même contraste, disent-ils, qui existe entre les sexes, se retrouve entre les éléments sexuels. L’œuf est grand, bien nourri, passif ; le spermatozoïde est de mince taille, peu nourri, actif. C’est là l’expression cellulaire des caractères mâle et femelle. Ces caractères répondent à deux états d’un cycle, que nos auteurs ont appelé cycle cellulaire. Morphologiquement, la cellule est amiboïde, enkystée, ou ciliée. Physiologiquement, trois états sont possibles : à l’anabolisme prédominant correspond la cellule enkystée, ou l’œuf ; au catabolisme prédominant, la cellule ciliée, ou le spermatozoïde ; la cellule amiboïde représente un état d’équilibre entre ces deux tendances. Si donc nous considérons le type amiboïdal, la divergence dans le sens anabolique donne l’œuf, dans le sens catabolique le sperme. Il faut chercher là l’origine des sexes, et non point dans des vues finalistes, dans la considération de leurs avantages pour l’individu ou pour l’espèce. Toutes les fonctions ont pour but de conserver, soit l’individu, soit l’espèce ; elles sont individuelles ou reproductives, anaboliques ou cataboliques dans le premier cas, femelle ou mâle dans le second.

« Les contrastes, écrivent enfin MM. Geddes et Thomson, entre la croissance continue et la reproduction discontinue, entre la reproduction asexuelle et sexuelle, entre la parthénogenèse et la sexualité, entre les générations alternantes, sont tous des expressions différentes de l’antithèse fondamentale. »

Mais il nous faut maintenant dégager de ce travail ce qui a trait à l’hérédité, en portant notre attention sur le problème principal, — si les caractères acquis sont transmissibles du parent aux rejetons. Weismann le nie. Selon lui les variations, soit fonctionnelles ou résultant de quelque propriété inhérente à l’œuf fertilisé, soit accidentelles ou reçues des influences extérieures, restent limitées à