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REVUE GÉNÉRALE.récents travaux sur l’hérédité

la question de savoir si le niveau de la médiocrité est nécessairement constant et par quels moyens on le pourrait élever.

À cette dernière question répond l’ouvrage posthume de M. Guyau, Éducation et hérédité. Il ne la prend pas, cependant, telle que nous l’indiquons. Il pose de nouveau le grave conflit entre l’habitude ancestrale ou héréditaire et l’habitude individuelle, et il tend à subordonner la première, qui est innée, à la seconde, qui est acquise, attribuant ainsi à l’éducation une efficacité que MM. Galton et Ribot ont cru devoir réduire beaucoup, après l’avoir estimée d’abord plus considérable. L’action de l’éducateur serait comparable à la « suggestion », et le pouvoir de la suggestion s’expliquerait par la théorie des idées-forces de M. Fouillée, à laquelle M. Guyau, plus réservé au début, paraît s’être rallié à la fin entièrement. Nous essayerons de montrer que l’éducation reste subordonnée à l’hérédité. Le problème le plus général nous apparaîtra sans doute celui du rapport de l’individu à son espèce : c’est à celui-là qu’aboutissent, par des chemins différents, l’embryologiste, le clinicien, le statisticien, l’éducateur.

Nos lecteurs savent maintenant quel genre de contribution au problème de l’hérédité ils peuvent trouver dans chacun de nos ouvrages. Passons à une analyse détaillée.

M. Balbiani a publié dans cette Revue, en décembre 1888, un article où se trouvent clairement résumées les théories modernes de la génération et de l’hérédité. On aura profit à le relire, si l’on veut apprécier exactement la position prise par MM. Geddes et Thomson. M. Balbiani laissait à vérifier la théorie récente et ingénieuse du plasma germinatif, substituée par Weismann à la théorie de la cellule germinative, due à Nussbaum. Nous allons les retrouver l’une et l’autre, exposées et discutées à leur place, dans le livre de nos auteurs. Pour eux, comme pour Weismann, pour Nussbaum et pour leurs prédécesseurs, la continuité de la vie organique demeure la thèse centrale ; mais ils ont une théorie nouvelle à nous proposer, qui donnerait aux faits une explication plus profonde. Pour nous en tenir aux termes de leur préface, ils ont l’ambition de ramener le processus de la vie organique aux deux fonctions biologiques ultimes de la vie individuelle : les échanges constructifs et destructifs de la matière vivante, du protoplasma. Dans la vie d’échange (métabolisme), prédominent alternativement ces deux états, la nutrition, ou anabolisme, et la destruction, ou catabolisme. En partant de là, on doit pouvoir rendre compte de la détermination du sexe, de la nature et de l’origine du sexe, des procédés mêmes de la reproduction.