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B. BOURDON. — LA CERTITUDE

LA CERTITUDE



La certitude (ou la vérité, qui peut en être considérée comme un simple cas particulier) dépend de conditions multiples ; ainsi on distingue des vérités particulières et générales, concrètes et abstraites, objectives et subjectives, etc. D’autre part, elle peut se trouver étroitement associée à des phénomènes nombreux, tels que le témoignage, l’autorité, le miracle, puisque ces phénomènes ont été donnés comme des critériums, c’est-à-dire des signes de la vérité ; or, attendu que, comme nous le prouverons plus loin, tout phénomène, dans la vie mentale, influence celui ou ceux auxquels il se trouve associé, il suit de là une nouvelle preuve que la certitude est soumise à des influences ou conditions multiples.

Ce sont ces conditions que nous nous proposons principalement, après avoir d’abord établi ce qu’est la certitude en général, d’étudier dans le présent travail.

I

La certitude apparaît comme un phénomène avant tout intellectuel. C’est donc comme phénomène intellectuel qu’il convient d’abord de la définir.

Le type le plus naturel et le plus parfait que nous puissions rencontrer de certitude nous est fourni par la certitude que nous avons de voir un objet qui se trouve devant nous, ou de remarquer une propriété particulière de cet objet. Aux vérités abstraites le vulgaire ne pense pas ; il en est même certaines, telles que le principe scientifique de causalité, qu’il révoquerait en doute si on l’interrogeait à leur sujet. Or, le premier phénomène qui nous frappe quand nous songeons à analyser la certitude d’une perception, c’est l’intensité des images qui, au moment où la perception se produit, se trouvent présentes à l’esprit. Ce caractère de la certitude percep-