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correspondance

cessifs d’une courbe différente d’un cercle est pour l’être vivant l’occasion d’un travail infini ou d’un empêchement, puisqu’on vertu de la généralité admise du fait de l’expression, la possibilité d’imaginer entre deux points successifs de la courbe, si rapprochés qu’ils soient, une infinité d’autres points, est un effort de réalisation de ces points par des accroissements de rayon. Bref, on est conduit par ces faits à voir l’instrument nécessaire et suffisant de la symbolique psychique dans un mécanisme fort simple, composé d’un centre muni d’appendices, dont tous les mouvements sont des cycles de rayons variables. Ce centre doit, en vertu de la mathématique inconsciente et rigoureuse de l’instinct qu’il s’agit de restituer, en vertu de certains principes observés chez les êtres vivants et caractéristiques de l’état normal, représenter sur des plans les différents ordres d’excitation et les réactions physiologiques concomitantes, conformément à des lois rigoureuses. Une fois la liaison établie entre les faits psychiques fondamentaux et les expressions motrices, il est évidemment possible de déduire des convenances de l’expression motrice dans des cas particuliers les modifications psychiques corrélatives. En vertu des nécessités mathématiques de son mécanisme, et suivant les cas, ce centre doit, dans la construction des polygones et autres entités géométriques résultant de sa représentation, rencontrer des possibilités ou des impossibilités, symboliques d’un travail positif ou négatif dont le calcul est comparable à l’expérience. En un mot, mon principe est un fait d’expérience ; mes postulats sont des faits d’expérience généralisés ; ma méthode est la méthode classique ; mes résultats sont des grandeurs, parfois trop petites pour être mesurées chez des sujets ordinaires, et dont le sens ne peut guère se déterminer alors que par les réactions subjectives correspondantes ; mais ce sont toujours des grandeurs mesurables et, je puis l’ajouter, mesurées dès maintenant pour certaines sensations (températures et variations de l’effort musculaire) par des effets physico-mécaniques considérables.

D’ailleurs, même si mes déductions n’avaient aucun rapport avec l’expérience, il n’y aurait pas lieu de se soucier de cette divergence. Des caractéristiques de l’état normal comme l’intelligence, la tendance à l’action, la tendance au changement d’action, que j’ai érigées en principes, s’appliquent à des êtres qui existent, qui sont heureusement le plus grand nombre dans certains milieux, mais qui pourraient ne point exister dans le nôtre. Dans ce dernier cas, ma théorie serait la science des convenances d’un être idéal.

C’est ce caractère entièrement nouveau de mes raisonnements : la convenance ; c’est la prétérition de postulats, comme ceux que je viens de citer, qui me paraissaient trop nécessairement impliqués par la nature de mes recherches pour devoir être explicitement invoqués ; ce sont ces deux raisons et non la fréquentation de l’auteur avec un métaphysicien savant et profond qui expliquent, à mon sens, l’obscurité signalée par M. Sorel et d’autres bons esprits.