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analyses. — kawczyinski. L’origine et l’histoire des rythmes.

à mon excellent ami M. Liégeois. Lui et moi, dans le désintéressement le plus absolu et dans la sincérité la plus complète de notre esprit et de notre cœur, nous avons cherché la vérité, et certainement l’un de nous deux au moins ne l’a pas atteinte. Nous ne nous arrêterons pas dans notre poursuite, et nous nous mêlerons, sans arrière-pensée d’ambition, de gloire ou de lucre, aux autres explorateurs (p. 115). »

On ne saurait ni mieux penser ni mieux dire.

Jules Liégeois.

Maximilien Kawczynski. Essai comparatif sur l’origine et l’histoire des rythmes. Paris, E. Bouillon, 1889, 220 pages.

Dans cet ouvrage, M. Kawczynski considère principalement les poésies grecque, latine et romane et y étudie historiquement l’origine et le développement du rythme. Il s’efforce d’établir d’abord que le vers est issu de la proposition et le vers rythmique du vers syllabique. Les formules d’imprécation auraient été les premiers efforts faits « pour ordonner la pensée et la langue en des formes réfléchies et en cela tant soit peu artistiques » (36). Puis, un progrès se fit par la réalisation d’une certaine égalité dans la longueur des propositions, « l’inégalité trop apparente trahissant une négligence qui ne pouvait que nuire à leur effet » (37). On en vint ainsi à prendre pour base du vers le nombre de mots. De nouveaux progrès consistèrent : à compter les syllabes et arriver par ce moyen aux vers parisyllabiques ; à faire alterner les syllabes longues et brèves ; on obtint alors la notion du rythme. Quant au mètre, il n’est, à ce moment, selon M. K…, qu’une mesure, qu’une partie déterminée du rythme ; le rythme est le genre dont les différents mètres ne sont que les espèces. Ni l’accent, ni aucun ictus vocal placé sur l’arsis ne jouent de rôle dans ce rythme. Plus tard, la séparation qui tendit à se faire entre les trois objets soumis au rythme (rythmizomena), vers, musique, danse, amena, prétend M. K..., à chercher une mesure plus abstraite et plus générale que celle qu’on avait déjà. « On la trouva en réduisant la mesure syllabique à une abstraction, en lui enlevant son élément matériel et ne lui laissant que la forme, c’est-à-dire le temps » (82). De ce fait il résulta la tendance à laisser désormais dans la rythmique, qui se sépara de plus en plus de la métrique, une grande liberté de substitution des pieds, pourvu qu’ils satisfissent à la loi des temps. La notion de la quantité des syllabes se perdit d’ailleurs peu à peu, dans la poésie latine, sous l’influence du chant qui, par exemple, tantôt prolongeait des syllabes brèves, tantôt raccourcissait des syllabes longues, sous l’influence aussi du développement phonétique de la langue. Il ne se maintint finalement dans la rythmique, une fois la quantité primitive disparue, que le nombre déterminé des syllabes, avec des cadences finales rimées. Les vers romans ne sont donc pas proprement rythmiques, ils sont simplement