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analyses. — beaunis. Les sensations internes.

est consacrée aux sensations qui accompagnent les diverses émotions ou émotionnelles ; la sixième, à plusieurs sensations d’un caractère spécial et de nature encore indéterminée, comme le sens de l’orientation, le sens météorologique, etc. ; la septième, aux sensations douloureuses et la huitième aux sensations de plaisir.

C’est là, on le voit, un programme très complet. Dans l’état actuel de nos connaissances, il était fort difficile, sinon impossible, de remplir de tous points ce programme. Aussi ne peut-on se trouver trop étonné en remarquant que sur un certain nombre de questions, en dehors de leur énoncé même, l’auteur ne dit rien ou presque rien. C’est ainsi que les questions relatives à certains besoins, la faim et la soif, le besoin de repos et surtout le besoin sexuel, dont l’importance, au point de vue psychologique, est pourtant si grande, celles qui concernent diverses sensations fonctionnelles et en particulier les sensations sexuelles, la cénesthésie, et toutes les sensations émotionnelles, — sont simplement posées plutôt qu’étudiées. Il arrive par suite que plus de la moitié du livre est consacrée aux sensations musculaires et aux sensations de douleur.

À vrai dire, on trouvera, dans cette partie de l’ouvrage, beaucoup de renseignements utiles et des discussions intéressantes : à la page 62, un groupement analytique intéressant des différentes sensations musculaires ; à la page 65, une bonne analyse des expériences, peu connues en France, de Mach sur les sensations de mouvement, les sensations liées aux mouvements passifs, les sensations de rotation, etc. ; une étude assez détaillée des sensations articulaires et de leur rôle ; un excellent exposé de la question des nerfs sensitifs des muscles et des centres cérébraux auxquels aboutissent les impressions transmises par ces nerfs ; une intéressante étude, tout à fait personnelle, sur la mémoire des sensations musculaires. D’autre part, en ce qui concerne les sensations douloureuses, on remarquera une classification ingénieuse, offrant des points de vue suggestifs, des différentes douleurs ; plus loin, une discussion serrée sur la question des voies de transmission des impressions douloureuses jusqu’au cerveau ; une fine analyse des rapports qui existent entre la douleur physique et la douleur morale et réciproquement ; une classification des douleurs morales fondée sur les mêmes principes que ceux sur lesquels fauteur établit sa division des douleurs physiques.

De là il suit que dans ces deux parties de l’ouvrage les questions sont étudiées dans leur fond même. Ainsi M. Beaunis discute avec soin les différents problèmes relatifs à l’existence du sens musculaire, et d’abord la question de savoir quelle part prennent à la formation des notions attribuées à ce sens les sensations cutanées (tactiles surtout) et les sensations articulaires, puis le problème essentiel, qui concerne la réalité même du sens musculaire, c’est à savoir si ce sens n’est pas réductible à un ensemble de sensations purement afférentes, comme toutes les sensations. L’auteur est bien obligé de reconnaître que