être seul ; or, c’est chose impossible. De même, comment admettre une appétition, un désir qui ne serait accompagné d’aucune sensation ou représentation obscure, tout au moins d’aucun sentiment de plaisir ou de gêne, et qui cependant produirait tel mouvement déterminé ? Il y a donc quelque chose d’artificiel dans la manière dont on pose le problème. Enfin, supposer une pensée pure, une pure idée produisant le mouvement, c’est supposer qu’il y a des idées absolument dépourvues de tout ton émotionnel et de toute impulsion appétitive ; chose non moins impossible. Tout mouvement qui n’est pas purement automatique, mais appétitif, enveloppe selon nous une émotion de plaisir ou de peine plus ou moins sensible. Selon W. James, au contraire, la seule cause connue de l’exécution d’un mouvement volontaire serait la « pure idée de l’exécution de ce mouvement », puisque, si cette idée vient à l’esprit vide d’autres idées, cela suffit pour que le mouvement même ait fatalement et infailliblement lieu. — C’est là pousser à l’extrême la théorie de l’idée-force. S’il était en effet possible d’avoir, dans un esprit vide, l’unique idée de l’exécution d’un mouvement déterminé, en cet état-limite de monoïdéisme, le mouvement concomitant de l’idée unique prendrait la direction de l’objet représenté par l’idée, ou plutôt des membres qui peuvent agir sur l’objet, et le mouvement se réaliserait dans ces membres. Mais c’est là une fiction psychologique, car il n’y a point de conscience vide. Même dans le cas de l’idée unique, cette idée représenterait encore la forme unique prise à ce moment par l’ensemble de nos appétitions internes, de notre activité demandant à se dépenser et à se déployer. Notre moi serait tout entier dans cette idée, et avec la tendance à l’action en ce sens unique coïnciderait le sourd plaisir de l’action déployée selon la ligne de la moindre résistance et de la plus grande aise. Nous retrouverions donc toujours les trois éléments inséparables du processus psychique ou appétitif. Nous avons, en somme, aussi bien le droit, de dire ou l’idée-force ou le sentiment-force ou le désir-force, parce que ces divers moments du processus mental s’impliquent l’un l’autre et impliquent tous le mouvement.
Ce qui est vrai, c’est que trois principaux degrés d’intensité sont possibles et dans l’excitation extérieure et dans l’état de conscience corrélatif ; selon ces divers degrés, l’un des trois moments du réflexe mental prédomine, sans que les autres puissent jamais être entièrement absents. Au premier degré, prédomine la sensation ; au deuxième, l’émotion ; au troisième, la volition. Quoique toujours mêlées, ces fonctions de la conscience peuvent ainsi, parleurs relations et proportions diverses, caractériser différemment les faits mentaux.