pas une explication, il répond : — Sans doute, mais c’est la formule exacte de ce fait que, dans les cas où on suppose des états mentaux causant des états physiques, l’antécédent complet et véritable est le mental uni au physique, non le mental seul. — Aussi Bain finit-il par appeler cette union une « cause double et conjointe, une union de deux facteurs ».
Il eût été naturel d’en conclure que, si le mental ne produit pas à lui seul tout le résultat, le physique seul n’y suffirait pas davantage. Au lieu de cette conclusion logique, Bain arrive à une conséquence qui contredit son principe. Selon lui, — et aussi selon Spencer, — « l’efficacité du mental » est due entièrement aux modifications nerveuses et non à quelque pouvoir que le mental posséderait. — « On me pressera de dire quelle voie je prendrais dans une théorie de l’évolution, quand j’aurais atteint le degré de l’échelle où des êtres conscients apparaissent ; suivrais-je alors seulement la chaîne de la causation physique, ou introduirais-je le sentiment comme un facteur coopérant, comme quelque chose de plus qu’un accompagnement ou une expression additionnelle du physique ? Voici ma réponse : je m’en tiendrais au physique et ne dirais rien du mental dans la ligne de la causation. » — Mais alors, demanderons-nous, que devient la « cause double et conjointe », « l’union de deux facteurs » que vous posiez tout à l’heure, si vous éliminez entièrement le facteur subjectif comme ne causant rien ? — « Je ne vois pas, dit Bain, comment nous pourrions faire du subjectif un agent, en nous en tenant aux strictes limites de notre expérience. Dans nos livres de psychologie, nous pouvons bien laisser une place à la cause et à l’effet parmi les éléments subjectifs, dire par exemple que les sensations donnent lieu aux idées, aux émotions, aux volitions, et celles-ci à d’autres idées, émotions, volitions ; mais nous savons bien que ce n’est pas là un courant de pures subjectivités ; ces faits ont leurs rapports physiques. » — Sans doute, mais il faut simplement conclure de là que le mental, dans notre expérience stricte, ne se montre jamais agissant seul, sans support matériel ; vous, au contraire, vous concluez qu’il n’agit en aucune façon, qu’il n’a aucune part à l’effet total, qu’il n’est point un des facteurs, mais une expression additionnelle du physique. Une pareille conclusion déborde vos prémisses et, de plus, elle contredit expressément la causation double que vous aviez d’abord posée : au lieu du mental-physique produisant le mental-physique, vous dites maintenant que c’est le physique seul qui produit le mental-physique. Il faudrait pourtant choisir.
« Dans l’évolution des êtres conscients, continue Bain, nous