lysie véritable, mais d’une suggestion positive de ne pas faire, la paralysie hystérique résulte d’une abolition des représentations mentales relatives au mouvement. Déjà dans l’anesthésie hystérique, il y a perte des images motrices, et le sujet guide le plus souvent ses membres insensibles par des images visuelles. Dans la paralysie, si on interroge le sujet, on peut constater qu’il ne peut plus se représenter son membre, et même qu’il a perdu la notion de son existence ; ce dernier fait est consigné dans toutes les observations un peu détaillées sur la paralysie hystérique. On arrive parfois, en supprimant chez un sujet qui a le bras anesthésique, la faculté de se représenter visuellement le bras et ses mouvements, à produire une paralysie. Ainsi, je crois bien établi que la paralysie hystérique résulte d’une lésion des images. Cette lésion, dit M. Janet, est une désagrégation ; il a encore raison, et il le prouve en rapportant l’observation d’une hystérique à laquelle il faisait remuer les membres paralysés en le lui ordonnant pendant un état de distraction. J’ajoute une seconde preuve : j’ai vu chez quelques sujets l’écriture automatique se produire dans des membres paralysés.
L’ouvrage se termine par une étude historique et critique sur le spiritisme dont l’auteur n’a pas de peine à expliquer les manifestations nombreuses par les phénomènes de double conscience. C’est bien à regret que nous sommes forcés de passer sur ces pages si intéressantes, dont la lecture est très suggestive. Mais il faut se borner, et nous préférons réserver la place qui nous reste à exposer et à discuter les théories de l’auteur sur la désagrégation intellectuelle.
Qu’il existe en même temps, dans l’esprit d’une personne, deux moi, c’est là un fait bien embarrassant pour les théories métaphysiques de l’unité de l’âme, et l’auteur, qui l’a bien senti, se contente d’éconduire ces théories avec la politesse qu’on leur doit lorsqu’on est un universitaire ; mais les difficultés psychologiques soulevées par les faits de double conscience ne sont ni moins grandes, ni moins embarrassantes, et on ne peut pas les écarter aussi facilement. Si par double conscience on entendait deux groupes de phénomènes psychologiques, qui, quoique se développant sur un terrain commun, ne se rencontreraient jamais, on pourrait à la rigueur comprendre comment ces deux groupes s’ignoreraient et formeraient deux consciences distinctes au lieu de se confondre en une seule. J’avais d’abord cru comprendre que M. Pierre Janet n’admettait aucune communication entre les deux consciences ; le terme équivoque de dissociation dont il s’était servi tout d’abord m’avait fait croire que d’après lui il devait y avoir rupture des liens d’association entre les deux groupes ; c’était du reste une idée très naturelle, et malgré lui, parfois, M. Pierre Janet y revient dans des phrases qu’il faut sans doute considérer comme des négligences de style. Ainsi, il nous dit quelque part que quand Lucie 1 et Lucie 2 existent simultanément, elles agissent en général chacune de leur côté, l’une au moyen du sens visuel, l’autre au moyen du sens tactile, et elles