rique, puisqu’elle se passait tout entière dans l’imagination de Condillac. M. Pierre Janet reprend l’expérience, ou plutôt il croit que les expériences pratiquées jusqu’ici par différents auteurs sur la catalepsie hystérique répondent bien à la même fin. Il admet qu’il y a une catalepsie vraie, produite par des causes physiques, et que cette catalepsie présente les caractères que M. Charcot et ses élèves ont étudiés régulièrement, c’est-à-dire la conservation des attitudes, l’imitation ou la répétition, etc. ; il considère en un mot que l’état psychique du sujet en catalepsie est, comme l’a dit M. Charcot, l’inertie morale[1]. Par là même, M. Janet s’éloigne de ceux qui pensent que la catalepsie est due à une obéissance intelligente du sujet aux ordres de l’expérimentateur, c’est-à-dire, en somme, que la catalepsie est le produit de la suggestion. Je suis pour ma part pleinement de l’avis de M. Janet. Lorsqu’on a étudié longtemps avec soin l’activité intellectuelle des cataleptiques, on ne tarde pas à reconnaître qu’elles ont une manière de réagir qui les distingue profondément des somnambules ; leur facilité à imiter tout ce qui se passe devant elles, les sons et les gestes, le peu de variété avec lequel elles exécutent un même acte, et une foule de petites nuances que chacun peut observer et qui souvent engendrent la conviction mieux qu’un gros argument, démontrent qu’il y a une condition mentale, une existence psychologique propre à la catalepsie. « Il ne faudrait pas en conclure, ajoute avec raison l’auteur, que l’on peut parler au hasard devant les cataleptiques sans aucun danger pour les expériences futures ; elles peuvent retenir les paroles même sans les comprendre, et si ce souvenir se réveille dans un état ultérieur plus intelligent, il sera alors compris et aura sa puissance suggestive[2]. »
Ce point une fois réglé, M. Janet entreprend de soutenir une thèse intéressante. Il veut prouver que les états cérébraux qui caractérisent la catalepsie, comme l’imitation des sons, des voix, des gestes, la persistance dans un état, la réaction du geste sur la physionomie et de la physionomie sur le geste, sont des états accompagnés de conscience. M. Despine avait soutenu, paraît-il, le contraire ; il prétendait que les actes et phénomènes de la catalepsie, et même ceux du somnambulisme, sont purement mécaniques, parce qu’ils sont suivis d’oubli. M. Janet n’a pas de peine à démontrer la faiblesse de cet argument, qui n’est même pas fondé en fait, puisqu’il est certain que les cataleptiques peuvent se perfectionner par la répétition des mêmes expériences, ce qui suppose la mémoire. Ses arguments cependant ne nous paraissent pas tous irréprochables. Nous relevons en passant une singulière critique qu’il adresse aux auteurs de la théorie de la conscience considérée comme un épiphénomène ; il déclare que le terme de raisonnement sans conscience n’a absolument aucun sens. Il nous semble au contraire qu’il n’y a là aucun mystère. On admet communément aujour-