durent à peine un dixième de seconde ; enfin, dans certains tracés, il y a du tremblement ; ces irrégularités peuvent être considérées comme un véritable délire moteur, qui est du reste l’expression d’un délire correspondant de l’idéation.
L’opération intellectuelle que le sujet est prié d’exécuter pendant qu’il exerce des pressions avec sa main peut également présenter des incorrections ; mais comme ces incorrections ne sont pas rendues évidentes par le tracé, nous n’insistons pas ; notons seulement que l’addition de deux chiffres est généralement beaucoup plus longue que lorsque le sujet n’exerce pas en même temps des pressions avec la main, et de plus la somme indiquée est souvent fausse.
En même temps, il se produit une altération de la conscience qui me paraît présenter une importance capitale. Le sujet perd la conscience nette des pressions qu’il exécute ; bien souvent, il ne peut pas, quand l’expérience est terminée, dire s’il a serré une fois de trop ou une fois de moins, ou si la forme de la contraction est régulière ou non. Les pressions ne sont pas devenues entièrement inconscientes, mais le degré de conscience qui les accompagne d’ordinaire est considérablement diminué. Cette altération de la conscience nous paraît être d’autant plus remarquable qu’elle existe parfois quand le tracé est tout à fait régulier ; ainsi le sujet, prié de serrer par série de cinq pendant un calcul mental, arrive parfois à faire le nombre de pressions voulues, mais il n’en sait rien, et avant d’avoir vu le tracé, il ignore s’il est régulier ou non. L’inconscience peut donc être la seule altération du processus psychomoteur ; mais le plus souvent, il se produit en même temps du désordre dans les pressions.
Il est remarquable de voir qu’un mouvement peut devenir inconscient tout en restant volontaire. Le sujet continue à vouloir exercer des pressions avec sa main ; mais il ne sent plus exactement ce qu’il fait ; il y a une dissociation entre l’élément conscience et l’élément volonté.
Les expériences précédentes peuvent être faites avec le concours des deux mains, ce qui permet de constater une particularité fort intéressante. J’ai eu maintes fois l’occasion d’observer sur plusieurs personnes, que si elles sont priées d’exécuter le même nombre de pressions avec les deux mains pendant qu’elles exécutent un autre travail intellectuel, les tracés des deux mains présentent le plus souvent les mêmes irrégularités ; quand, par exemple, la main droite donne trois pressions au lieu de deux, la main gauche en fait autant, et il n’y a pas jusqu’à la forme des contractions qui ne soit pareille dans les deux tracés. Il semble que le point de départ des mouve-