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LA CONCURRENCE DES ÉTATS PSYCHOLOGIQUES


Les expériences qu’on va lire ont toutes été faites sur l’individu normal, dont l’étude a peut-être été trop négligée par la psychologie contemporaine ; je me suis proposé de rechercher les effets qui se produisent lorsqu’on provoque simultanément chez une même personne plusieurs modifications mentales de nature différente.

Nous étudierons d’abord une situation qui est très nette et très facile à définir ; c’est celle où une personne s’efforce de comprendre, en même temps, dans sa conscience, plusieurs phénomènes psychologiques différents : par exemple, elle cherche à percevoir en même temps un grand nombre de sensations, provenant d’objets différents ; ou bien elle essaye d’exécuter un certain nombre de mouvements qui n’ont rien de commun.

Ces expériences peuvent servir à mesurer ce qu’on appelle le champ ou l’aire de la conscience d’une personne ; mais ce n’est pas là précisément le but que nous nous proposons. Nous cherchons plutôt à étudier les modifications qui se produisent dans un processus psychologique par le seul fait de sa coïncidence avec un autre processus.

En second lieu, nous examinerons ce qui se produit quand l’attention du sujet, au lieu de se diviser entre les divers phénomènes qu’on provoque en lui, ne se fixe que sur un seul, déterminant ainsi un état de distraction pour tout le reste. Nous verrons que cette orientation particulière de l’attention produit des effets bien différents de ceux qu’on observe dans le cas où l’attention cherche à embrasser le plus grand nombre d’objets.

I

La division de l’attention volontaire.

Chacun sait qu’il est difficile de suivre en même temps deux pensées différentes, par exemple de lire et d’écouter une conversation.