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ANALYSES.ch. richet. La chaleur animale.

de quelques dixièmes de degré. Les expériences les plus précises sur ce sujet ont été faites par M. Gley, qui, expérimentant sur lui-même et dans des conditions bien déterminées, a pu conclure que, dans l’espace d’une heure, la production de chaleur, due au travail intellectuel proprement dit, était représentée par un dixième de degré.

Un phénomène qui montre encore bien que la production de la chaleur est sous la dépendance du système nerveux, c’est la marche de la température après la mort. En effet, dans de certains cas, sur le cadavre, bien qu’il n’y ait plus de circulation et par suite plus d’oxygène, la production de chaleur continue à se faire, par suite d’hydratations, de dédoublements ou d’actions chimiques analogues, différentes des phénomènes de fixation directe de l’oxygène.

C’est ainsi que M. Wunderlich, ayant constaté une température de 440, 75 pendant la vie, sur un tétanique, a vu, après la mort, la température s’élever à 45°, 3. Une heure et demie après la mort, la température était encore à 440, 9. Dans les cas de mort survenant au cours d’attaques d’épilepsie, il n’est pas rare de voir la température monter dans l’intervalle de la première heure qui suit le décès. D’ailleurs, si l’on étudie la marche du refroidissement du cadavre dans les cas ordinaires, on y constate l’existence d’une première période, qui est de deux heures à peu près, et pendant laquelle il y a un état stationnaire, ou du moins une très faible descente. Une seconde période, plus longue, vient ensuite, pendant laquelle la vitesse du refroidissement est grande, et se fait conformément à la loi de Newton. Tandis que les cadavres, en se refroidissant, semblent se comporter, quelques heures après la mort, absolument comme des corps inorganiques : au contraire, dans les premiers temps qui suivent la mort, il paraît incontestable qu’il y a continuation de la production de chaleur.

Or, il est encore possible de démontrer que le phénomène de calorification ou d’hyperthermie post mortem est commandé par le système nerveux.

En effet, c’est seulement dans les cas où la mort a surpris l’individu au milieu d’une excitation exagérée du système nerveux que l’on constate nettement cette hyperthermie post mortem, dans les maladies infectieuses aiguës par exemple, comme aussi dans les traumatismes du bulbe et du cerveau. Au contraire, dans les maladies chroniques, lentes, dans les morts par épuisement, la température s’abaisse régulièrement après la mort. Il semble donc que la mort ne change pas immédiatement l’état du système nerveux, et que son excitation comme sa dépression puissent continuer à se manifester après que la circulation a cessé.

L’expérimentation physiologique peut d’ailleurs apporter la preuve de cette interprétation des observations médicales. En empoisonnant des animaux avec différentes substances, M. Richet a constaté que la température montait ou descendait immédiatement après la mort, selon que la substance toxique était de celles qui excitent violemment