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Au point de vue de l’âge, il y a un fait très remarquable : c’est que la température de l’enfant, aussitôt après la naissance, subit une baisse considérable, et tombe, au bout de trois ou quatre minutes, de 37°, 6 à 36°, à 350, 5 et même à 35°, 25. Après trois ou quatre heures, même quand on enveloppe bien l’enfant pour l’empêcher, autant que possible, de se refroidir, elle se maintient à ce chiffre de 35⁰ environ ; quelquefois, malgré toutes les précautions, on trouve 34°. Cette descente brusque a pour causes, selon toute vraisemblance, non seulement le refroidissement périphérique, mais encore l’impuissance du système nerveux à provoquer des échanges chimiques interstitiels très vifs.

Le lendemain de la naissance, la température est revenue à la normale, puis elle la dépasse légèrement dans le cours de la première année. Mais, après ce temps, la température de l’enfant est à peu près la même que celle de l’adulte, et, d’après M. Charcot, la température du vieillard n’en différerait pas non plus sensiblement. Quant à l’influence du sexe, on n’a pas constaté qu’elle se marquât par des différences appréciables.

L’influence de l’activité musculaire nous intéresse plus, et elle est considérable. Les contractions des muscles peuvent élever énormément la température, et M. Richet l’a vue monter chez un chien jusqu’à 45°, 7. Un coureur, cité par Wunderlich, a présenté une température de 39°, 5 ; et pour Obernier, une marche rapide d’une demi-heure suffit pour produire une augmentation de 0°, 5. Il n’est pas d’ailleurs besoin d’un exercice violent, d’un effort musculaire prolongé pour élever la température d’un ou deux dixièmes de degré, et il suffit d’un léger effort, d’un travail musculaire normal, qui durera quelques minutes à peine, pour que l’effet thermique soit obtenu. Ainsi, au haut d’un escalier qu’on vient de monter à une allure ordinaire, on a une température plus élevée qu’on ne l’avait avant de commencer l’ascension.

L’activité musculaire est donc, à n’en pas douter, une des grandes sources de la production de la chaleur, la principale assurément, et tout le monde sait que, pour lutter contre le refroidissement, le meilleur moyen est de marcher. Cette influence peut donc expliquer, en partie au moins, l’abaissement de la température pendant le sommeil, c’est-à-dire la rémission matinale, comme elle explique l’exacerbation vespérale. Mais le mouvement musculaire, pour M. Richet, ne saurait expliquer la variation diurne. En effet, si un violent exercice échauffe notre organisme, que nous supposons réglé à 37°, bien vite, par suite d’un refroidissement énergique commandé par le système nerveux, la température sera revenue à 37º.

Enfin, la température augmente encore sous une influence qui nous intéresse surtout, celle de l’activité psychique. Il ne s’agit pas, bien entendu, de l’influence du travail intellectuel sur la température locale du crâne, qui a été fort controversée, mais bien de la température générale. Or, plusieurs observateurs, Davy, M. Speck, M. Rumpf, M. Gley, ont constaté que, pendant le travail intellectuel, la température monte