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observations et documents


L’EMPLOI DE LA MÉTHODE DES GRADUATIONS MOYENNES POUR LES SENSATIONS LUMINEUSES.

L’hiver dernier, M. Alfred Lehmann, professeur agrégé à l’université de Copenhague, a dirigé au laboratoire bien connu de M. Wundt, à Leipzig, une série de recherches sur cette partie de la psychologie expérimentale. Les résultats de ses recherches, auxquelles j’ai eu l’occasion de prendre part et dont je me verrai forcé de donner ici un rapport fort sommaire, M. Lehmann les développe d’une façon très détaillée dans la 4e livraison, tome III, des Philosophische Studien de M. Wundt.

Les expériences de M. Delbœuf étant à peu près la seule application qu’on ait faite jusqu’ici de la méthode des graduations moyennes pour les sensations lumineuses, le but de nos travaux a été de soumettre les résultats constatés par lui — la concordance des sensations lumineuses avec la loi psycho-physique — à un examen critique au moyen d’expériences renouvelées. Dès le début, les cercles concentriques employés par M. Delbœuf furent abandonnés, à cause d’inconvénients très considérables provoqués, par les phénomènes de contraste successif-simultané, aux endroits où se touchent les différentes couleurs. Au lieu des cercles concentriques, nous nous servîmes donc de trois cercles mis en rotation séparément, et dont on trouvera la description détaillée dans le compte rendu de M. Lehmann.

Les trois cercles étaient d’abord placés de façon qu’on les voyait sur le mur noir de la chambre d’expérience ; mais l’inégalité de l’influence qu’exerçait le fond noir sur les différentes nuances des cercles étant constatée par une grande quantité d’expériences, de nouvelles précautions furent nécessaires. Les deux cercles déterminés entre lesquels il s’agissait de trouver la graduation moyenne étaient désormais vus sur des fonds de la même couleur qu’eux, de sorte que les effets de contraste s’éliminaient complètement. Le troisième cercle, étant variable, fut observé alternativement sur le fond de chacun des deux autres, et, les expériences terminées, le terme moyen des deux séries fut calculé. Dans le cas où ces termes moyens concorderaient avec la théorie de Weber, la loi psycho-physique serait très probablement valable pour les sensations lumineuses. Cependant, cette conformité entre les résultats trouvés par voie expérimentale et les valeurs calculées théoriquement ne se présenta pas : les valeurs résultant de nos expériences étaient toutes trop grandes. Comment expliquer ce résultat dont la régularité ne semblait pas permettre l’hypothèse d’influences accidentelles ? Sans doute, les raisons peuvent être multiples. — Aubert en a indiqué une, en niant l’application de la loi de Weber aux sensations lumineuses ;