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société de psychologie physiologique

soin, probablement, de ne parler à personne de votre enquête et de détruire les notes qui vous auraient servi à rédiger les réponses. Vous pourriez d’ailleurs obtenir, sans que personne s’en doute, des renseignements qui compléteraient vos souvenirs, au moyen de conversations, de lettres, de portraits, etc., concernant surtout les personnes décédées. Leur vie tout entière est plus instructive que celle de jeunes gens qui n’ont pas encore montré clairement leurs caractères physiques, moraux et intellectuels.

Aucun contrôle ne sera possible de notre part. C’est donc sur votre talent d’observation, votre véracité habituelle et votre discrétion que nous devons compter d’une manière absolue.

Agréez, monsieur, etc.


EXPÉRIENCES SUR LE CERVEAU DES OISEAUX

Depuis plusieurs années[1] j’ai étudié, au point de vue des phénomènes psychiques, les oiseaux dont le cerveau avait été lésé expérimentalement. Je viens présenter à cet égard quelques observations nouvelles.

On sait, depuis les travaux de Flourens, que l’ablation totale des hémisphères cérébraux entraîne un état de coma, de stupeur, et fait disparaître toute spontanéité. C’est le sommeil sans rêves, devenu classique.

Il va sans dire que cette observation de Flourens est absolument exacte, et que tous les physiologistes l’ont confirmée. Mais si, au lieu d’enlever tout l’hémisphère cérébral, on enlève seulement les parties superficielles, en respectant la base des ventricules et les ganglions opto-striés, les phénomènes seront différents, et il ne me semble pas que les physiologistes aient porté suffisamment leur attention sur ce point.

L’expérience se fait très bien sur le canard ; d’abord parce que son cerveau, plus volumineux que celui du pigeon, peut se prêter commodément à la distinction des diverses parties ; ensuite parce que la mise à nu de l’encéphale et la section des membranes ne déterminent pas une hémorrhagie aussi abondante que chez les pigeons ou les poules.

On peut alors, presque sans effusion de sang, ouvrir le crâne, enlever une partie de la calotte crânienne, et inciser la dure-mère de chaque côté. Il n’y a de sang que quand on coupe le sinus falciforme contenu dans le repli inter-hémisphérique de la dure-mère. Une fois le cerveau mis à nu, on peut le cautériser plus ou moins profondément avec le thermocautère, ou en enlever des tranches plus ou moins épaisses avec le scalpel, ou le dilacérer avec un objet mousse.

  1. Voy. Bull. de la Soc. de Biologie, 1883, p. 129, et 1886, p. 306.