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société de psychologie physiologique

fois les effets sur l’hérédité, mais c’est plus aisé pour les variations physiques que pour celles du système nerveux. J’ai par devers moi deux exemples certains. Un homme fort et capable a eu d’abord un fils devenu très distingué. Un autre fils lui est né, avant terme, dans le laps de la même année, et ce fils a été faible de corps, doué d’une faible volonté et moins intelligent que l’aîné. Évidemment la mère était affaiblie lors de la deuxième conception et de la seconde grossesse. L’autre exemple est celui d’un père illustre dans les sciences, qui a eu un fils aîné bien portant et très distingué pour l’intelligence, et deux ans après un autre fils au-dessous du médiocre sous tous les points de vue. Dans l’intervalle le père avait éprouvé une affection de la gorge qui avait mis sa vie en danger et avait exigé une suite de traitements. Il est permis de croire que l’affaiblissement du père a été la cause de l’infériorité du deuxième fils.

J’ai été conduit par mes recherches à reconnaître que les lois de l’hérédité sont semblables pour les caractères physiques, moraux et intellectuels. Si l’état temporaire physique influe sur les conceptions, ce doit être également vrai pour l’état si variable du système nerveux. Les inquiétudes, les craintes, les haines entre époux, les caprices féminins, les fatigues de tête, etc., etc., peuvent avoir une influence. Mais comment aborder de semblables questions ? J’ai multiplié les demandes sur les maladies dans l’espoir d’en approcher. Pourrez-vous améliorer ce point du questionnaire ?

Dans une précédente communication, j’ai parlé de la difficulté d’avoir des informateurs tout à fait dignes de confiance, discrets, judicieux, ayant de l’expérience. Il les faut âges, car on arrive lentement à connaître les hommes, et jusqu’à quarante ou cinquante ans on se trompe souvent. Les gens âgés seuls ont pu connaître les parents d’un individu et voir, peut-être jusqu’à la fin, leurs caractères de toutes sortes. Un homme ne se montre bien que s’il a passé l’époque des ambitions et de la crainte du qu’en-dira-t-on. Une femme doit avoir passé l’âge des prétentions. Les appréciations d’un homme encore valide au sujet d’une personne de l’autre sexe qui n’est pas âgée sont souvent entachées d’erreur.

Avant de procéder publiquement, la Société ferait bien de penser à l’emploi qu’elle fera des documents qui lui viendront. Si elle s’adresse à plus de dix ou quinze informateurs, il arrivera plus de 500 feuilles, chacune contenant une centaine d’articles. Le classement et le dépouillement seront laborieux. C’est à prévoir, pour ne pas tomber dans un chaos.

Je présume que les feuilles seront numérotées de 1 à… et qu’on dressera pour chaque objet d’étude une liste où les individus seront portés sous leurs numéros. Mais pour obtenir de bons travaux sur des renseignements aussi divers, il faudra une bonne tête de statisticien, capable de tirer de chiffres bien classés des résultats suffisamment proba-