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comme conclusion dernière de son exposé critique, M. Soury écrit encore : « Si les résultats des expériences et des observations de ce physiologiste éminent avaient prévalu, surtout s’ils avaient le sens et la portée que Goltz, par un vice de raisonnement, a toujours été le seul à leur attribuer, la doctrine de l’hétérogénéité fonctionnelle du cerveau, la doctrine de Fritsch et Hitzig, de Ferrier, de Munk, de Luciani, d’Exner, de Charcot, aurait reçu, au moins pour un temps, une atteinte sensible.

« Mais non seulement les faits et les doctrines de Fr. Goltz n’ont point prévalu : ils ont fourni contre Goltz lui-même des preuves et des arguments décisifs en faveur de la doctrine des localisations cérébrales. Nous nous sommes appliqué à mettre en pleine lumière l’accord profond qui résulte des recherches de Goltz et de celles des physiologistes et des cliniciens contemporains, sur les fonctions de la zone fronto-pariétale et sur celles de la zone occipito-temporale du cerveau.

« Le jour où Goltz a écrit que les lobes du cerveau n’ont point la même fonction », que les lobes antérieurs et les lobes postérieurs sont fonctionnellement hétérogènes, il a rendu hommage, quoiqu’il ait dit depuis et quoi qu’il puisse dire dans l’avenir, à tout un ordre de vérités supérieures qui tendent aujourd’hui à se dégager des faits d’observation et d’expérience, et qui seront demain le plus solide fondement de la science nouvelle, de la psychologie physiologique ou expérimentale » (pp. 85-86). Il faut en effet rendre cet hommage à l’esprit vraiment scientifique de Goltz, que Goltz n’a jamais nié à priori la possibilité de l’existence dans l’écorce cérébrale « de territoires distincts affectés à des fonctions diverses ».

Telle est l’interprétation que donne M. Soury des résultats auxquels les expériences ont conduit le physiologiste de Strasbourg. Mais il faut bien dire qu’il en est une autre, celle même que Goltz a plusieurs fois indiquée, plus ou moins explicitement, comme étant la véritable conclusion de ses recherches, et qui méritait d’être examinée par M. Soury, au moins en ce qui concerne les localisations motrices, — c’est à savoir que les centres, dits psycho-moteurs, ne sont pas des centres réels de motricité, mais des organes excitables dont l’irritation retentit sur les centres médullaires pour mettre ceux-ci en activité. Il y a là toute une partie de l’œuvre de Goltz — dont Goltz lui-même n’a peut-être pas vu d’abord la haute importance et qui d’ailleurs ne devait être nettement et clairement développée que dans des travaux tout récents (François-Franck, Marique, etc.) —, que M. Soury a négligé de mettre en lumière. Il est certain qu’on tend aujourd’hui de divers côtés, conformément à certaines idées de Goltz, à considérer la zone excitable du cerveau bien plutôt comme une surface sensible spéciale, dont l’irritation donne par conséquent lieu à des mouvements réflexes variés, que comme une surface proprement motrice.

Il n’est évidemment pas possible, on le comprend, de suivre M. Soury dans les détails de l’analyse minutieuse à laquelle il soumet toutes les expériences de Goltz et les conclusions que celui-ci en a tirées. Il faut se